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L’application du système interaméricain de protection des Droits de l’Homme par la République dʹHaïti : Enjeux et Perspectives

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Par Esther CRIBE

Soumis à l’agence en ligne Coupdoeil le 25 mars 2018, réédité par Media9 en signe d’hommage à Ester CRIBE pour son départ prématuré.  

P-au-P., 11 mai 2021 [M9H] —  Les droits de l’homme font de plus en plus l’objet de débats dans les différentes sociétés. L’affirmation des revendications de catégories sociales diverses fait que la lutte pour le respect des droits de l’homme couvre de nombreux champs de la vie des individus. En effet, du point de vue institutionnel, des efforts sont partout  réalisés afin d’arriver à une certaine protection et un respect des droits de l’homme. C’est dans cette perspective qu’ont été mis en place des mécanismes de protection et de promotion des droits de l’homme tant au niveau international, régional et national. Plus proche de nous a été institué le système interaméricain de protection des droits de l’homme visant à assurer le respect des droits de l’homme sur le continent américain. Haïti est membre à part entière dudit système.

Pourtant, la situation des droits de l’homme en Haïti reste très critique à différents niveaux.  Plusieurs rapports émanant d’institutions nationales et internationales permettent de constater que les violations des droits de l’homme en Haïti sont manifestes. À ce sujet, dans un rapport publié par le RNDDH (14 mai 2014), on souligne que la situation sécuritaire du pays est très précaire. Elle est donc caractérisée par des assassinats, des enlèvements révoltants, des vols, des viols et d’autres infractions mettant en péril la protection des Citoyens/nes. Les statistiques relèvent que de mai 2013 à mai 2014 cinq cent quatre (504) personnes sont décédées par balles, soixante-dix-sept (77) à l’arme blanche. Soixante-dix-huit (78) individus, présentés comme des voleurs sont tués par lapidation, dix-huit agents de la PNH ont aussi été victimes de l’insécurité. Cent treize (113) personnes sont décédées dans des accidents de circulation.  

Sans oublier, la situation de détention préventive prolongée dans nos milieux carcéraux qui est de plus en plus critique. Il y a aussi la violation des Droits économiques sociaux et culturels. Lors de la visite en Haïti, de l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l`homme du 15 au 22 Juillet 2014, Mr Gustavo Gallon a pointé du doigt les faiblesses du pays en matière des Droits de l`homme. Le premier axe qui a été relaté par l`expert ce sont les droits économiques, sociaux et culturels dont le respect reste très précaire dans le pays. Il a aussi mis l’accent sur l`impunité qui gangrène le système judiciaire haïtien. Gustavo Gallon avait aussi souligné la violation des Droits Humains provoquée par des facteurs comme le déplacement forcé à cause de catastrophes naturelles.

      Tout compte fait, ces différents éléments soulevés sur la situation des Droits Humains en Haïti nous permettent de voir combien la réalité est alarmante. En dépit de ces violations, l’utilisation qui est faite du système interaméricain de protection des Droits de l’homme par les citoyens et les organisations de défense des Droits Humains reste  peu suffisante. Ces dernières qui font une sous-utilisation du système Interaméricain c’est-à-dire qu’il n’est pas utilisé assez, car les organisations de défense des Droits Humains pourraient intenter des actions contre l’État Haïtien ce qui est donc prévu à l’article 44 de la Convention Américaine relative aux Droits de l’Homme par exemple sur la situation détention préventive prolongée qui est un problème tenace. Selon les recherches, quatre cinquièmes des personnes incarcérées dans l’ensemble du pays n’avaient pas été jugées. Donc, il est donc opportun de voir les éléments de cause de la sous-utilisation du système Interaméricain en Haïti. Parmi ces éléments on a pu repérer des problèmes qui sont liés au fonctionnement du système judiciaire et la culture juridique qui fait défaut par rapport à la méconnaissance du système interaméricain par les Citoyens(nes) et les organisations de défense des Droits Humains, traduisant par le manque de connaissances des systèmes de protection des Droits Humains. Ainsi, dans sa dynamique juridique Internationale, Haïti est toujours disposé à ratifier des traités et Conventions Internationaux. Il en reste que ces textes ne sont pas souvent utilisés dans nos tribunaux et nos Cours, bien qu’il soit prévu dans la Constitution plus précisément à l`article 276-2 que «Les Traités ou Accords Internationaux, une fois sanctionnées et ratifiés dans les formes prévues par la Constitution, font partie de la législation du pays et abrogent toutes les lois qui leur sont contraires.» Le manque de culture juridique qui fait défaut touche aussi les Avocats qui ne défendent pas jusqu’au bout les justiciables, et qui n’utilisent pas souvent les dispositions générales par exemple l’article 8 de la Convention Américaine relative aux Droits de l’homme concernant les “garanties judiciaires”.

     En Haïti, le système Interaméricain de protection des Droits de lˈHomme ne cesse de soulever des controverses, en raison de son application lente et difficile. Cela résulte de sa méconnaissance par les citoyens et aussi de sa sous-utilisation par les organismes de défense des Droits Humains ce qui veut dire qu’il n’est pas utilisé assez. Ainsi nous formulons des recommandations pouvant faciliter une meilleure application du système Interaméricain de protection des Droits de l`Homme en Haïti. On le voit par rapport au rôle de l`État dans le cadre d`une meilleure application du Système Interaméricain par le biais de l`Office de protection du Citoyen ainsi que la sensibilisation des barreaux sur le système Interaméricain des Droits de l`Homme et ensuite le rôle des organisations de défense des Droits Humains dans une application effective du système dans sa promotion et de sa vulgarisation en Haïti.

                                                                                        Auteure : Esther CRIBE

                                                            Juriste de Formation /Licenciée en Droit

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