Haïti – Insécurité : 5 policiers assassinés, 3 sous-commissariats incendiés, en moins de trois journées de tension à Port-au-Prince
Port-au-Prince, 2 mars 2024 (M9H) — Les dégâts causés par les attaques des gangs criminels regroupés au sein de la coalition “Vivre Ensemble” dans l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, durant ces trois derniers jours, sont énormes. Cinq policiers nationaux ont été exécutés par des bandits armés, alors qu’ils ont passé plus de trois heures à lancer des appels de détresse, sans aucun résultat jusqu’à leur exécution. Trois sous-commissariats ont été incendiés par ces bandits, notamment celui de Bon-Repos et de Portail Leogane, et le dernier sous-commissariat incendié est celui de Delmas 3, selon le syndicat national des policiers haïtiens (SYNAPHA).
Cette résurgence des actes de violence survient dans le pays, suite aux récentes déclarations du chef du gouvernement de facto, le Dr Ariel Henry, laissant entendre que les élections générales pourraient se réaliser dans le pays au mois d’août 2025. Ce qui, sans aucun doute, a mis de l’huile sur le feu et propulsé la coalition des gangs armés dans le pays à s’attaquer à toutes les infrastructures étatiques, laissent entendre certains politologues dans le pays.
“Il semble que les attaques des gangs armés soient beaucoup plus coordonnées et simultanées. Dans des images circulant sur les réseaux sociaux, l’un des chefs de gang aurait même utilisé un drone pour contrôler les attaques. Il aurait même averti ses troupes que des civils sont en train de traverser une rue, en conséquence, ils devraient cesser de tirer”, a-t-on observé dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux.
D’aucuns se questionnent concernant cet acharnement brusque contre les agents de la Police nationale, constituant le dernier rempart de l’État. Cette situation met à nu la défaillance et l’incapacité des autorités étatiques à diriger le pays.
D’un autre côté, des tirs sporadiques ont été entendus dans les périmètres du centre carcéral de la plus grande prison civile de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, plus connu sous le sobriquet Pénitencier national. Il a fallu l’intervention des agents de la PNH pour repousser les assauts systématiques des bandits armés, qui voulaient par tous les moyens briser les murs de la prison. Sur les réseaux sociaux, des images des affrontements entre de braves policiers et des malfrats font la une.
Même les infrastructures de l’Autorité portuaire nationale (APN) n’ont pas été épargnées par des attaques des gangs armés dans le pays. Ils ont été repoussés par les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH).
Au deuxième jour de tension, malgré les tirs des bandits armés non loin de l’aéroport international de Toussaint Louverture, les compagnies aériennes ont maintenu leurs vols à destination des États-Unis et de la République dominicaine. À l’exception des vols domestiques qui n’ont pas repris.
Le bureau de l’Office d’Assurance Véhicule Contre Tiers (OAVCT), à Tabarre, a été incendié par des bandits armés le vendredi 1er mars 2024. Plusieurs services, dont le service informatique, sont partis en fumée dans le cadre de cette attaque.
L’Ambassade interrompt temporairement le déplacement du personnel officiel américain
En raison des tirs près de l’aéroport Toussaint Louverture, l’Ambassade Américaine en Haïti a publié une alerte.
“Des tirs nourris ont été signalés et des perturbations de la circulation près de l’aéroport de Port-au-Prince ont été signalées. L’ambassade des États-Unis interrompt temporairement les déplacements du personnel officiel américain vers l’aéroport et demande à tout personnel américain présent à l’aéroport d’y rester”, a divulgué l’Ambassade sur son site web.
Le SPNH 17 à nouveau dans les rues pour la récupération des cadavres des policiers assassinés
Après plusieurs mois d’absence sur le terrain, une dizaine de policiers, sous l’impulsion du Syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH-17), ont regagné les rues pour exiger du haut état-major la récupération des cadavres des policiers tués le jeudi 29 février 2024 à Bon-Repos.
Lors de ce mouvement, des barricades de pneus enflammés ont été érigées sur les artères qu’ils ont empruntées, notamment la route de Delmas. Les policiers protestataires se sont même rendus jusqu’aux locaux de la Direction générale de la PNH à Clercine. Dans une note parue le vendredi 1er mars 2024, le directeur général de la PNH, Frantz Elbé, a pris acte de l’assassinat des policiers et policières lors d’une attaque de bandits armés, en date du 29 février 2024, contre le sous-commissariat de Bon-Repos.
Aucune mesure forte n’a été annoncée par les autorités policières pour punir les malfrats responsables de ces actions abominables.
Les activités commerciales et scolaires complètement paralysées
Les activités commerciales ont fonctionné au ralenti après la journée de tension du jeudi 29 février 2024. Cependant, les établissements scolaires sont restés fermés. Le chef du gouvernement, en dehors du pays, a finalement réagi aux violences dans le pays.
Le Gouvernement de la République exprime son indignation face aux actes de violence et de terreur orchestrés par des bandits armés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. “Des membres des forces de l’ordre, dévoués à la protection et à la sécurité de notre pays, ont perdu la vie tragiquement dans l’exercice de leur fonction.
Jean Elie Paul
Credit photo: journal Le Nouvelliste