Haïti-Justice : FJKL critique les bavures policières au temps du Covid-19
P-au-P., 14 mai 2020 [M9H] — La Fondasyon Je Klere (FJKL) dénonce une multiplication des abus policiers, dans cette période marquée par la crise sanitaire mondiale de Covid-19 dans un rapport (d’octobre 2019 au 13 mai 2020). Dans ce rapport, la FJKL demande au Haut Commandement de la Police nationale d’Haïti (PNH) et au Gouvernement de respecter les engagements internationaux d’Haïti en matière de sécurité publique et de dignité humaine pendant qu’il est encore temps.
A en croire la FJKL la liste des dérives de la PNH dépasse les limites au point que des citoyens et observateurs avisés eurent à se questionner concernant la mission de cette institution vieille d’une trentaine d’années de « protéger et servir ».
« Qui protègera les citoyens haïtiens contre les abus et les actes attentatoires à leur dignité humaine ? » Se questionne la FJKL qui a énuméré toute une liste d’exactions commises par les forces de l’Ordre, ceux-là même qui avaient juré de protéger et de servir la population.
Bastonnade, exécutions sommaires, menaces verbales, attentat aux bonnes mœurs, usage abusif de la force, incendie et destruction de biens publics et privés, traitement inhumain et dégradant, atteinte aux droits et libertés des citoyens caractérisent désormais les pratiques de la PNH qui semble avoir les coudées franches pour agir dans l’impunité la plus totale, relate la FJKL.
La liste, non exhaustive des cas suivants documentés, d’octobre 2019 à date, suffit à donner des indications à cet égard. Fort de ce constat, la Fondation Je Klere (FJKL) dit noter qu’au niveau de la PNH l’absence de commandement, d’autorité, de respect de principes, de valeurs morales et déontologiques ainsi que la nonapplication du règlement, des lois et des normes.
« Ce sont les autorités politiques qui décident des actions à mener au niveau de la police : c’est le premier ministre et non le Directeur Général de la Police qui a annoncé le droit de la formation d’un syndicat au niveau de la PNH sans aucun texte réglementaire comme si un arrêté pouvait créer des droits » a mis exergue la FJKL.
De même, c’est le ministre de la justice, Me Lucmane Delille qui a annoncé l’imminence d’une intervention à Village de Dieu susceptible de faire des dégâts collatéraux et non le Directeur Départemental de la Police de l’Ouest (DDO) à travers le porte-parole de la Police.
« La Direction Générale de la Police est donc absente, l’Inspection Générale de la Police (IGPNH) inexistante et la chaine de commandement rompue » a souligne à l’encre forte la FJKL.
En outre, elle dit constater, pendant la période faisant objet du présent rapport, que la PNH viole systématiquement les principes de l’organisation des Nations-Unies (ONU) sur le recours à la force adoptés le 7 septembre 1990 au huitième Congrès des Nations-Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.
L’usage de la force et le recours à la contrainte au niveau de la PNH se fait de manière « abusive » et « arbitraire », des policiers manifestent à visage masqué comme font les bandits. Aucune prise de position du Haut commandement de la Police ne vient interdire de telles pratiques alors que cette pratique constitue une infraction à la loi pénale dans les États démocratiques, regrette la FJKL.
Aucune arrestation n’a été annoncée au niveau des policiers qui sèment le désordre et l’anarchie au sein de la population au vu et au su de tout le monde. Aucun cas de renvoi des rangs n’a été annoncé non plus, renchérit–elle.
Or, il est enseigné dans les écoles et académies de police que l’usage de la force se fait par les forces de l’ordre, dans les cas d’appréhension en flagrant délit ; dans les cas de légitime défense des personnes et des biens ; Sur ordre de la loi et commandement de l’autorité légitime ; Sur autorisation du Magistrat.
Dans tous les cas l’usage de la force doit obéir au principe de nécessité et de proportionnalité. Dans tous les autres cas, l’usage de la force est arbitraire et condamnable et les auteurs doivent faire l’objet de poursuites et se voir appliquer les sanctions disciplinaires et pénales que nécessite leur cas. Rien de cela n’a été fait dans tous les cas dénombrés ici, regrette la FJKL.
Par conséquent, la FJKL dit constater l’absence de règles éthiques et déontologiques dans les agissements de la PNH, une volonté délibérée, par les agents de la PNH, de ne pas se soumettre à la constitution, aux lois de la République et aux conventions internationales ratifiées par Haïti.
Dans ce contexte, les responsables de la FJKL exhortent les hauts dignitaires de la PNH d’agir urgemment pendant qu’il en est temps afin de redresser la barre, pour que cette institution ne sombre pas dans l’anarchie.
Crédit Photo: Haitinews 2000