Violence des gangs : Des milliers d’enfants risquent de mourir de malnutrition aiguë si rien n’est fait, avertit l’UNICEF
P-au-P., 5 aout 2022 [M9H] — La recrudescence de la violence liée aux gangs a fermé l’accès aux services de santé dans certaines zones urbaines d’Haïti, laissant un enfant sur 20 à Cité à risque de mourir de malnutrition aiguë sévère, a averti le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
L’accès réduit aux services de santé, de nutrition, d’eau et d’assainissement dû à l’escalade de la violence, associé à la flambée des prix des denrées alimentaires, à l’inflation et à l’insécurité alimentaire a Cité Soleil, fait qu’un enfant sur cinq souffre de malnutrition aiguë, signale l’Unicef.
Selon les dernières données disponibles, environ 20% des enfants de moins de cinq ans à Cité Soleil souffrent de malnutrition aiguë sévère ou modérée, cinq points de pourcentage au-dessus du seuil d’urgence fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si la violence continue, ces chiffres pourraient continuer à augmenter.
« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et regarder les enfants souffrir d’un manque de nourriture suffisante et d’une alimentation équilibrée », a déclaré Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF en Haïti.
« Des milliers d’enfants risquent de mourir de malnutrition et de ses complications car la plupart des cliniques sont fermées là où ils vivent, les empêchant de recevoir des soins médicaux et nutritionnels adéquats. La violence doit cesser à Cité Soleil afin que les enfants malnutris puissent recevoir l’assistance médicale dont ils ont besoin pour survivre et grandir ».
Une évaluation réalisée en avril 2022 a alerté l’UNICEF sur l’état nutritionnel alarmant des enfants de la commune. Depuis lors, une flambée de violence au début du mois de juillet restreint davantage l’accès aux services de santé de base pour les enfants et les familles. L’insécurité alimentaire causée par l’inflation, la flambée des prix des denrées alimentaires et les difficultés socio-économiques préexistantes sont également à l’origine de cette récente augmentation des cas de malnutrition à Cité Soleil.
L’UNICEF et le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) ont déjà prépositionné des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, du lait thérapeutique et des médicaments essentiels, et soutiennent les agents de santé communautaires polyvalents (ASCP) pour intensifier le dépistage et la référence des cas de malnutrition. A ce jour, 9 506 enfants ont été dépistés pour la malnutrition aiguë et 1 918 enfants malnutris ont reçu un traitement vital.
Depuis le 8 juillet, une nouvelle flambée de violence éclate alors que des gangs rivaux se livrent une guerre sans merci à Cité Soleil, une commune d’un quart de million d’habitants. Selon l’ONU, entre le 8 et le 17 juillet 2022, plus de 471 personnes ont été tuées, blessées ou portées disparues. Environ 3 000 personnes ont également fui leur domicile, dont des centaines d’enfants non accompagnés, tandis qu’au moins 140 maisons ont été détruites ou incendiées.
Cette nouvelle vague de violence a forcé des centaines de personnes à quitter leur foyer. Cependant, seule une partie de la population est partie. La majeure partie de la population de Cité Soleil reste piégée et vit assiégée alors que le conflit fait rage dans les rues. Les enfants et les familles font également face à un manque d’accès à la nourriture et à l’eau. L’accès aux services de base tels que les centres de santé a déjà été considérablement réduit à Cité Soleil où seulement 4 % de la population ont recours aux centres de santé publics et 64 % desservis par des ONG telles que Médecins Sans Frontières.
Afin de prévenir une nouvelle détérioration de l’état nutritionnel des mères et des enfants, l’UNICEF soutient la fourniture des services suivants : traitement de la malnutrition aiguë, supplémentation en micronutriments et promotion, protection et soutien des pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, déparasitage et vaccination, supplémentation en zinc pendant les épisodes de diarrhée dans les établissements de santé et dans la communauté.
“Des milliers de familles et leurs enfants qui sont restés à Cité Soleil ont des besoins nutritionnels et sanitaires urgents car les parents et les soignants ne peuvent plus aller travailler dans d’autres quartiers de Port-au-Prince pour garantir l’accès à la nourriture pour leurs enfants. Les familles qui ont fui leurs maisons ont laissé derrière eux tous leurs biens et les enfants n’ont pas accès à tous leurs droits fondamentaux tels que la santé, la nutrition et l’éducation », a déclaré Maes.
Depuis le 20 juillet, l’UNICEF a livré près d’un million de litres d’eau potable pour répondre aux besoins urgents de 15 000 personnes chaque jour, distribué 500 kits d’hygiène pour desservir 2 500 personnes, et déployé deux cliniques mobiles dans les quartiers Bois Neuf et Belekou de Cité Soleil, pour fournir des soins médicaux et nutritionnels à plus de 500 personnes, dont la majorité sont des femmes et des enfants.
En dehors de Cité Soleil, l’UNICEF a fourni 100 matelas, des vêtements et près de 700 gallons d’eau potable aux familles déplacées, aidé 800 enfants avec des activités de soutien psychosocial et fourni des soins médicaux à 180 enfants via une clinique mobile intégrée de santé et de nutrition.
L’UNICEF appelle toutes les parties à s’abstenir de recourir à la violence et à veiller à ce que les femmes et les enfants aient accès aux services de base. Sept mois se sont déjà écoulés et l’UNICEF a toujours un besoin urgent de 64,6 millions de dollars US pour apporter une aide humanitaire à plus d’un demi-million d’enfants en Haïti.