Haïti-UEH/Covid-19 : Mise en garde du jury concernant l’usage de certaines plantes malgré des effets positifs répertoriés sur les 72 recettes traditionnelles
P-au-P., 2 août 2020 [M9H] — Le Jury de compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels utilisés contre la Covid-19 en Haïti, a lancé une mise en garde, dans son rapport de travail présenté le jeudi 30 juillet 2020, concernant l’utilisation de certaines plantes comme l’armoise, l’absinthe et l’absinthe marron qui n’est pas sans danger et devrait être évité par voie orale, malgré qu’il a répertorié, des effets positifs sur environ 72 recettes traditionnelles recensées en utilisation pour prévenir et combattre la Covid-19.
« Absinthe et absinthe marron ne devraient pas être utilisées par voie orale; pour la plante dénommé “armoise”, vu les doutes pesant sur son identification (Plusieurs plantes portant ce nom) et les risques de toxicité, il serait prudent de ne l’utiliser que par la voie externe, en bain par exemple » prévient le jury.
Cependant, en moins de deux mois d’analyses et de recherches, le jury a indiqué que les plantes utilisées ne sont pas connues pour leur nocivité, ce qui est quelque part rassurant. Ces analyses ont été faites sur près de 70 produits différents dans les recettes, avec une soixantaine d’espèces de plantes, dont 5 produits d’origine animale et d’origine minérale.
Selon les constats du jury, plusieurs recettes sont potentiellement capables de répondre à la fois aux symptômes et au blocage des complications alors que d’autres peuvent prévenir la maladie. Ceci indique une bonne connaissance de la phytothérapie et une adresse particulière à manier les plantes et à les associer.
Pour le jury, le fait d’associer plusieurs plantes au sein d’une même recette a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. « L’inconvénient majeur décelé dans les recettes concerne l’effet anticoagulant des plantes. Certaines recettes comportent un trop grand nombre de plantes ayant cet effet et pourraient provoquer des saignements chez l’utilisateur » révèle le jury.
Le jury suggère que la plupart des recettes ne devraient pas être utilisées par les femmes enceintes ou allaitantes et par les enfants en bas âge. Les hypertendus et les diabétiques, nombreux dans le pays et qui constituent des groupes vulnérables doivent être vigilants et éviter les recettes à composition complexe.
Une réglementation des utilisations traditionnelles est absolument nécessaire, elle doit tenir compte des normes internationales en la matière tout en conservant l’originalité des pratiques et garantir le droit de propriété.
En conséquence, le jury demande à la population de prendre très au sérieux la Covid-19 et de respecter les consignes du Ministère de la santé publique et de la population (MSPP). Il leur demande également de continuer à faire usage des plantes médicinales contre la covid-19, en s’informant, en évitant les plantes pouvant présenter une toxicité et en étant modérée dans les quantités et les mélanges d’espèces.
Pour éviter un cumul de plantes à effet anticoagulant, le jury de compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels utilisés contre la Covid-19 en Haïti, conseillerait de ne pas faire de mélange de plus de 3 ou 4 plantes à la fois pour la voie orale.
Il demande de profiter pleinement des produits locaux riches en vitamines et minéraux et consommer davantage d’aliments, tels cerises, cacao, mangues, avocats, légumes/feuilles, cresson, moringa. En renforçant le système immunitaire, ces aliments protègent contre la covid-19 mais aussi d’autres maladies infectieuses.
Ce jury, formé en date du 4 juin 2020 par le Conseil Exécutif de l’UEH, avait pour mission d’émettre un avis scientifique et éthique sur les formules et recettes utilisées ou mises en place; de préciser les propriétés et éventuels effets secondaires des plantes entrant dans la composition de ces recettes et faire des recommandations.
Rappelons que ce jury est composé des professeurs Audalbert Bien-Aimé, Ingénieur-Agronome, spécialiste en nutrition animale et professeur à l’UEH; Justin Casimir, Chimiste et professeur à l’UEH; Marc-Félix CIVIL, Docteur en médecine, spécialiste en éthique et professeur à l’UEH, Ernst Noel, Virologue et professeur à l’UEH et Marilise Rouzier, Biologiste-botaniste et professeure à l’UEH.