Des Morts Dans Le Bus

Chaque matin, pour aller travailler, Anita sortait de chez elle de très tôt, parce qu’elle avait beaucoup de route à faire. Partir de Marianni à Delmas, c’était faire comme on dit chez nous beaucoup de transbordée. De Marianni à Carrefour, de Carrefour à Port-au-Prince, de Port-au-Prince à Delmas, et enfin une camionnette pour entrer à l’intérieur de Delmas, c’était vraiment long !

Ce lundi matin, elle partit encore dès 5h30 pour ne pas arriver en retard au travail. 6h00, elle était bien installée dans un bus de Carrefour – Centre-Ville et décida d’en profiter pour faire un petit somme et continuer le merveilleux rêve commencé depuis hier soir. 7h15, elle était à la rue magasin de l’état et cherchait un bus pour Delmas qui commençait à se remplir. Beaucoup de chauffeurs la hélaient, lui promettant de démarrer avec elle seule à bord. Beaucoup de jeunes gens l’accostaient pour lui offrir le bus le plus beau qui irait de pair avec sa grande beauté, le bus le plus performant, le plus rapide, le plus confortable,  le bus qui partira pour Delmas le plus rapidement, ou même celui qui avait le chauffeur le plus sexy. Mais Anita était une femme qui avait la tête sur ses deux épaules, elle ne s’en laissa pas compter et monta dans le bus qui avait déjà 4 personnes à bord.  Tous paraissaient n’avoir pas terminé leur somme comme elle. Elle se cala bien confortablement et se dit que pour une fois, elle ne serait pas la seule à ronfler dans le bus.

Elle sentit vaguement une femme monter dans le bus mais n’ouvrit même pas les yeux pour lui jeter le regard scrutateur d’une femme sur une autre et continua sa somme. Puis elle entendit dans les brumes de son sommeil la femme dire : Toi, tu es mort !  Alors descends du bus et donne-moi ta place, elle est plus confortable que la mienne. Anita se dit que décidément son rêve était pimenté aujourd’hui, voila qu’il y avait une femme qui parlait à un mort. Mais la dame continua : Je sais que vous êtes tous des morts, alors descendez et laisser la place à ceux qui ont besoin. Et, Anita sentit qu’on la touchait et compris à ce moment qu’elle n’était pas en train de rêver et qu’il y avait des morts dans le bus lire la suite