Dette de l’indépendance : Emmanuel Macron annonce la création d’une commission franco-haïtienne pour faire la lumière sur une histoire douloureuse
Port-au-Prince, 17 avril 2025 — À l’occasion du bicentenaire de l’ordonnance de 1825, le président français Emmanuel Macron a annoncé, ce jeudi, la création d’une commission mixte franco-haïtienne d’historiens chargée d’examiner en profondeur les conséquences historiques et économiques de l’indemnité imposée à Haïti en échange de la reconnaissance de son indépendance par la France.
Cette indemnité, exigée en 1825 par le roi Charles X, représentait une somme colossale de 150 millions de francs-or, ramenée à 90 millions en 1838, que le jeune État haïtien a été contraint de payer sous la menace de la flotte française. Cette dette, selon des estimations d’experts contemporains, équivaudrait aujourd’hui à plus de 21 milliards de dollars américains. Elle a pesé lourdement sur le développement économique et institutionnel d’Haïti pendant des décennies.
Une démarche de reconnaissance et de dialogue
Dans une déclaration solennelle, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance de « regarder le passé avec lucidité, courage et vérité », affirmant que la France se doit de reconnaître sa part dans cette page sombre de l’histoire commune. « Reconnaître la vérité de l’Histoire, c’est refuser l’oubli et l’effacement », a déclaré le chef de l’État, évoquant « la force injuste de l’Histoire » qui a marqué Haïti dès sa naissance en tant que nation indépendante.
La commission annoncée sera co-présidée par l’ambassadeur français Yves Saint-Geours et l’historienne haïtienne Gusti-Klara Gaillard Pourchet. Elle réunira des chercheurs des deux pays et aura pour mission non seulement d’analyser l’impact de la dette de 1825, mais aussi de proposer des recommandations concrètes pour renforcer la coopération bilatérale dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la mémoire et du développement.
Une révolution saluée, une dette condamnée
Le président français a salué la révolution haïtienne de 1804 comme un événement fondateur et un « écho fidèle aux idéaux de 1789 », tout en regrettant que la restauration monarchique en France et la logique de contrerévolution aient éloigné les deux nations d’un chemin commun.
« La mémoire n’est pas une charge, mais une force », a-t-il souligné, appelant à construire un avenir commun nourri par une compréhension partagée du passé.
Soutien à la transition haïtienne
Emmanuel Macron a également réaffirmé le soutien de la France aux autorités de transition en Haïti, condamnant fermement « toute tentative de déstabilisation » du pays. Il a promis l’appui continu de la France dans les domaines de la sécurité, de la justice, de la santé et de l’éducation, dans un esprit de solidarité renouvelée.
Cette annonce marque un tournant symbolique dans les relations franco-haïtiennes, avec l’ambition d’inscrire cette initiative dans une démarche historique de réparation morale, de dialogue et d’action concrète.
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