Culture

Haïti-Culture : Le langage du corps, âme du théâtre contemporain

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Port-au-Prince, 5 octobre 2024 (M9H) — Un atelier d’expression corporelle et d’interprétation s’est tenu le mercredi 2 octobre 2024, au local de la Syla Dance Académie, à Bois Patate. Cet atelier, animé par Johny Zéphirin, directeur artistique de la Quinzaine Internationale Handicap et Culture, assisté de Marie Michel Vixéan, avait pour objectif d’améliorer le langage corporel et de développer l’imagination chez de jeunes acteurs et actrices, en situation de handicap ou non, qui aspirent à une carrière dans le théâtre.

Il est 10 heures du matin. Les jeunes artistes, qu’ils soient non-voyants, malentendants, atteints d’albinisme ou non handicapés, se rassemblent dans la cour pour la première séance de travail. Le metteur en scène, Johny Zéphirin, d’un geste de la main, les invite à se positionner pour écouter les consignes.

Aujourd’hui, le travail est axé sur la mémoire sensorielle. “Dans cette série d’exercices, vous allez faire travailler tous vos organes des sens, les yeux fermés,” leur ordonne-t-il. Cela vous permettra de mémoriser les sensations perceptives et de reconnaître les formes, les sons et les goûts, explique-t-il. L’atelier se déroulera en quatre phases.

C’est parti ! Les yeux bandés, ils se déplacent, dispersés dans l’espace, puis se rassemblent en formant un petit train, question de s’y familiariser. Ensuite, ils cherchent à repérer et identifier des objets placés à des points stratégiques de la salle. Ensemble, ils transforment les objets identifiés en d’autres objets, en s’aidant d’une histoire qu’ils imaginent grâce à leur intelligence kinesthésique, après avoir trouvé un consensus. C’est l’avant-dernière étape. Enfin, ils improvisent des histoires en utilisant leur corps.

Selon M. Zéphirin, “le corps est indispensable au théâtre. On pourrait dire qu’il est l’âme du théâtre contemporain. Celui qui pratique cet art de la scène doit maîtriser chacun de ses gestes.” Le geste est un mouvement du corps qui souligne une idée, révèle une pensée ou exprime une émotion, ajoute-t-il. Chaque geste devient une forme de parole.

Dans leurs improvisations, ils interprètent l’histoire de deux femmes qui se disputent violemment pour s’accaparer un bébé, puis celle d’un objet mystérieux trouvé à un carrefour, inspirant la peur chez un passant dont la curiosité l’amène à découvrir son contenu. Enfin, ils racontent l’histoire d’une fleur dont le parfum provoque une sensation érotique chez toutes les personnes qui s’en approchent. La partie du corps où commence cette sensation s’accélère, devenant un fardeau par son exagération.

Au terme de ces exercices, Marie Michel Vixéan, l’assistante du metteur en scène, qui a également participé, souligne en langage des signes la difficulté de parvenir à un consensus sur scène. “Le théâtre met à nu la complexité humaine,” répond Johny Zéphirin. “Les humains ne parviennent pas toujours à se solidariser pour atteindre un objectif donné,” ajoute-t-il. Il profite de cette remarque pour insister sur l’importance de la convention au théâtre. “Le jeu d’acteur repose sur la capacité à établir une convention,” précise-t-il.

La journée s’achève avec des exercices de relaxation et de concentration, ainsi que des précisions sur des concepts clés tels que mémoire sensorielle, convention, conflit, imagination et effet de groupe, afin d’aider les participants à mieux s’en imprégner. Cette série de formations prendra fin le dimanche 6 octobre. Prochain rendez-vous : le 8 octobre 2024 pour l’atelier de lecture en braille et d’interprétation.

Dumy Edouard

Courriel : edousur@gmail.com

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