Haïti-Corruption/PetroCaribe : L’ex-premier ministre Laurent Salvador Lamothe, sanctionnés par les Etats-Unis pour le détournement de 60 millions de dollars
P-au-P., 2 juin 2023 [M9H] — Pour son implication dans le détournement, d’au moins 60 millions de dollars du fonds d’investissement et de protection sociale PetroCaribe du gouvernement haïtien à des fins privées, le département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, annonce ce vendredi 2 juin 2023, comme un coup de massue, les sanctions prises contre l’ancien premier ministre Laurent Salvador Lamothe, au cours de sa gestion en tant que premier ministre, ministre de la planification et de la coopération externe, et même en tant que Ministre des affaires étrangères et des cultes (Maec).
Cette action rend Lamothe généralement inéligible à entrer aux États-Unis, fait savoir le département d’Etat américain. Par cet acte de corruption et son implication directe dans la gestion du fonds, il a exploité son rôle d’agent de la fonction publique et contribué à l’instabilité actuelle en Haïti.
« Nous continuons à soutenir les citoyens, les organisations et les fonctionnaires d’Haïti qui se sont engagés à générer de l’espoir et des opportunités pour un avenir meilleur dans leur pays » lance le departement d’Etat dans ce communiqué.
Les États-Unis soulignent qu’ils vont continuer de promouvoir la reddition de compte pour ceux qui abusent du pouvoir public à des fins personnelles.
« La désignation d’aujourd’hui fait partie d’une série d’actions qui promeuvent la responsabilité de ceux qui fomentent la violence, bloquent l’aide humanitaire vitale et s’enrichissent aux dépens du peuple haïtien » ajoute-t-il.
Selon un responsable américain, dont l’identité n’a pas été révélé par le journal américain Miami Herald, l’ancien premier ministre Lamothe a quitté les États-Unis à la fin du mois dernier et après avoir reçu la confirmation le 30 mai, que le Département d’État a prononcé les sanctions. Ce qui sous-entendait que le département d’État attendait son départ, avant de prononcer les sanctions y relatives.
Le journal américain n’y va pas par quatre chemins, pour signifier que Laurent Lamothe, âgé de 50 ans, a joué un rôle central dans l’élection en 2011 du musicien devenu homme politique Michel Martelly. Laurent Lamothe a été nommé ministre des Affaires étrangères d’Haïti en octobre 2011.
Puis, le 4 mai 2012, il a été nommé Premier ministre, poste qu’il a occupé jusqu’à 2014, lorsque le secrétaire d’État adjoint de l’époque, Thomas Shannon, s’est rendu en Haïti au milieu d’une crise politique et a dit à Martelly qu’il devrait licencier son meilleur ami afin d’apporter une certaine stabilité au pays, revėle Miami Herald.
À l’époque, l’administration Martelly était la cible de divers scandales de corruption. L’ancien premier ministre Lamothe, qui a été l’objet de plusieurs accusations de corruption, notamment sur les cinq résolutions prises sous son administration, de mai 2012 à décembre 2014, représentant environ 29% de la dette totale d’Haïti envers le Venezuela.
Auditionné en date du 18 avril 2016, par les sénateurs de la commission Ethique et Anticorruption, sur la construction des centres sportifs qui, citant un document non officiel, aurait coûté 184 millions de dollars. selon un article du journal Le Nouvelliste, l’ancien chef de gouvernement avait rectifié que les 24 stades ont été construits pour la somme de 25 millions de dollars», tout en qualifiant de tract le document consulté par les sénateurs de la commission. Lamothe avait nié les allégations de corruption à son encontre.
À ce jour, Lamothe est la personnalité politique haïtienne la plus en vue sanctionnée par l’administration Biden, qui a été critiquée pour ne pas avoir été assez agressive avec les sanctions contre les hommes d’affaires et les personnalités politiques haïtiennes.
Plus précisément, le département d’Etat a révélé que Lamothe a détourné au moins 60 millions de dollars du fonds d’investissement dans les infrastructures et de protection sociale PetroCaribe du gouvernement haïtien à des fins privées.
« Par cet acte de corruption et son implication directe dans la gestion du fonds, il a exploité son rôle d’agent public et contribué à l’instabilité actuelle en Haïti ».
Lamothe a déjà été sanctionné par le gouvernement du Canada et a nié avec véhémence toute implication dans la corruption.
Crédit photo: Page Facebook Laurent Lamothe