Haïti-Crise : Risque de paralysie des hôpitaux de MSF, de l’organisation Nos Petits Frères et Sœurs (NPFS) et la Fondation St Luc (FSL), faute de carburant
P-au-P., 26 oct. 2021 [M9H] — Plusieurs hôpitaux de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ainsi que dans les villes de province, notamment des hôpitaux de Médecins sans Frontières (MSF), de l’organisation Nos Petits Frères et Sœurs (NPFS) et la Fondation St Luc (FSL) risquent de paralyser, ce mardi 26 octobre 2021, à cause de la situation de pénurie en carburant découlant des conditions de sécurité délétère du pays.
L’organisation Médecins Sans Frontières, dans un communiqué de presse paru en date du lundi 25 octobre 2021, attire l’attention des autorités étatiques, sur cette situation qui affecte gravement les opérations de MSF dans le pays. « Si la situation perdure, l’hôpital de Traumatologie/ Grands brûlés de Tabarre à Port-au-Prince, qui reçoit en moyenne 155 patients par mois, risque de devoir réduire ses activités et restreindre ses critères d’admission dans les prochains jours», fait savoir l’Organisation dans un communiqué.
La situation de pénurie en carburant frappe de plein fouet les hôpitaux de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, qui risque d’avoir de graves conséquences sur les patients, notamment ceux des hôpitaux de l’organisation Nos Petits Frères et Sœurs (NPFS) et la Fondation St Luc (FSL), qui ont sonné l’alerte concernant les difficultés d’approvisionnement en carburant des hôpitaux, dans un contexte ou leurs réserves sont presqu’épuisés.
Dans une note publiée le vendredi 23 octobre dernier, les responsables de ces institutions ont fait savoir que « si aucune livraison de Diesel n’est garantie au plus vite (16 000 gallons sont attendus), les services de pédiatrie, pour plus de 300 enfants, de maternité pour plus de 45 femmes, de soins urgents et d’hospitalisation pour plus de 70 adultes y compris, des soins de traumatologie seront interrompus faute de carburant ce mardi 26 octobre 2021.»
L’association des hôpitaux privés a déploré, pour sa part, cette pénurie d’oxygène qui paralyse leurs services alors qu’il est question d’une nouvelle vague au coronavirus, en plus de l’insécurité qui empêche leurs employés de se rendre sereinement à leur poste.
«Ces hôpitaux, responsables de fournir plus de 70% des soins d’urgence et hospitaliers à la population en temps normal, ne comprennent pas l’apathie des autorités établies face à ces situations. Avec cette pénurie de carburant, c’est la poursuite de services vitaux de 40 centres hospitaliers à des pans entiers de la population qui est hypothéquée, et une fois de plus ce seront les plus démunis qui risquent d’en payer chèrement les conséquences de leur vie. » Avertit l’association des hôpitaux privés.
Dans ce contexte, «la fermeture pure et simple des membres de l’AHPH entraînera en effet une catastrophe humanitaire inimaginable pour l’ensemble de la population haïtienne, toute classe sociale confondue», a alerté le conseil d’administration de ladite association.
Les organisations de Nations Unies alertées par cette situation
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a alerté sur la pénurie des produits pétroliers en Haïti, qui met en danger la vie de 300 enfants, 45 femmes et 150 patients atteints de Covid-19.
Ces patientes et patients, qui ont besoin de soins d’urgence dans les établissements de santé, risquent de mourir, si des solutions ne sont pas trouvées à la pénurie de produits pétroliers dans le pays, prévient l’Unicef.
« Les agences humanitaires des Nations Unies opérant en Haïti sont extrêmement préoccupées par l’aggravation de la crise résultant des barrages routiers qui empêchent la livraison de carburant, constituent des obstacles à la fourniture de services essentiels et entravent l’accès des travailleurs humanitaires. Les hôpitaux et les centres de services médicaux sont particulièrement touchés », fait savoir le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
Selon le coordinateur humanitaire par intérim des Nations unies dans le pays, Pierre Honnorat, des vies sont susceptibles d’être perdues en Haïti si les livraisons de carburant ne parviennent pas immédiatement aux hôpitaux.
Il indique dans un communiqué de presse que « les hôpitaux de la capitale, Port-au-Prince, et d’autres villes du pays font état de réserves extrêmement faibles de carburant nécessaire à l’alimentation des génératrices qui assurent le fonctionnement des services ».
La livraison du carburant conditionnée à la démission du Dr Ariel Henry
La coalition de gangs G9 an fanmi et alliés dirigée par Jimmy Chérisier, alias Barbecue a annoncé en fin de soirée du lundi 25 octobre 2021 à l’émission Boukante lapawol sur la radio Méga, que la démission du premier ministre Ariel Henry serait la condition sine qua non pour laisser passer les camions citernes pour l’approvisionnement en carburant.
Il a fait savoir que le premier ministre Dr Ariel Henry doit se rendre à la justice pour répondre des accusations dans le cadre des actes d’assassinats sur l’ancien président de la République Jovenel Moïse.
Après la grève de l’Association des chauffeurs de produits pétroliers Haïtiens, achevé le samedi 24 octobre dernier, à partir d’un compromis avec le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), c’est le tour des gangs armés, qui ont mis des barricades empêchant quiconque de s’aventurer sur le site de Varreux situant à Cité Soleil, nord de la capitale.
Les hommes du G-9 pendant toute la journée du lundi ont rendu inaccessible ce terminal qui représente 70 % des capacités de stockage du pays, sous l’œil impuissant des autorités étatiques.
Les activités globales sont paralysées à nouveau, ce mardi 26 octobre 2021, dans la capitale, Port-au-Prince, et dans certaines villes de provinces, en vue de protester contre la rareté du carburant ainsi que l’insécurité qui gangrène le quotidien du peuple haïtien.