Haïti-Justice : L’APM et l’ANAMAH exigent du MJSP l’application de l’accord conclu avec l’ANAG et le SYGH en novembre 2017
P-au-P., 11 août 2020 [M9H] — Plusieurs associations de magistrats, notamment l’Association professionnelle des Magistrats (APM), ainsi que l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens(ANAMAH) apportent leur solidarité à la grève des greffiers des différentes juridictions de la République qui exigent la pleine et entière application de l’Accord conclu en date du 3 novembre 2017 entre le Ministère de la Justice, l’Association Nationale des Greffiers Haïtiens (ANAG) et le Syndicat des Greffiers d’Haïti (SYGH).
La grève des greffiers et des huissiers survient moins d’un mois après celle des magistrats, qui avait observé une trêve à leur grève illimitée et avait repris le travail le jeudi 2 juillet 2020. Ils avaient observé cette trêve suite aux engagements pris par l’Exécutif relativement aux revendications légitimes des Magistrats dans le cadre des pourparlers avec le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), dont le renouvellement des mandats des juges des Tribunaux de Première Instance et l’augmentation du budget du Pouvoir Judiciaire à partir de l’exercice fiscal 2020-2021.
La grève illimitée des greffiers et des huissiers a démarré à partir du 28 Juillet 2020 dans les 18 juridictions du pays. Une semaine plutôt, le jeudi 23 Juillet 2020, les greffiers ont adressé une correspondance, au Ministre de la justice et de la sécurité publique (MJSP), Me. Rockfeller Vincent pour lui signifier de leur volonté d’entamer leur mouvement de grève dans le cas où les clauses de cet accord n’ont pas été respectées.
A travers cet accord, le Ministère s’était engagé, entre autres, à doter les greffiers d’un Statut particulier ; d’augmenter leur salaire et les doter d’une carte de débit avec des frais acceptables, d’organiser des formations continues à leur intention via l’Ecole de la Magistrature (EMA).
«Aucune des clauses de cet Accord n’ait été respectée par le Ministère de la Justice depuis sa signature » déplore l’Association Professionnelle des Magistrats (APM). Tout en exhortant les greffiers à poursuivre leur mouvement avec détermination, l’Association Professionnelle des Magistrats (APM) dit inviter le Ministre de la Justice, Me Rockefeller VINCENT, à tout mettre en œuvre en vue de trouver sans délai une issue favorable à cette crise qui paralyse une fois de plus le fonctionnement des tribunaux et cours.
Pour sa part, l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens(ANAMAH) se dit solidaire du mouvement de grève des Greffiers et des Huissiers réclamant de meilleures conditions de travail et un salaire raisonnable. L’ANAMAH les invite à tenir le mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
L’ANAMAH a mis l’accent sur l’inflation galopante, alors que ces professionnels devraient être mieux traités, tenant compte également de l’immensité de leur travail et leur importance pour le système judiciaire, fait savoir l’association dans un communiqué portant la signature de son président, Me Jean Wilner Morin.
Dans ce contexte, l’ANAMAH dit encourager les Greffiers et Huissiers de la République à maintenir la mobilisation vers la voie de leur émancipation salariale. En outre, elle appelle les grévistes à maintenir ce même état d’esprit sitôt leurs revendications satisfaites, pour qu’ensemble avec les Magistrats des 18 juridictions, des procès soient tenus pour l’allègement des prisons et contribuer à mettre un terme au climat d’impunité qui les caractérise.
Rappelons que ces grèves en cascade ne font qu’augmenter la population carcérale des différents centres de détention dans le pays, en particulier celui du Pénitencier national, qui détient plus de 3600 prisonniers dans des cellules qui ne devraient pas contenir 800 personnes en moyenne, alors ces prisonniers croupissent dans la misère la plus abjecte et l’indifférence la plus totale.
Cependant, lors d’une tournée médiatique en date du vendredi 7 août 2020, le Ministre de la justice et de la sécurité publique, Me Rockefeller Vincent, se faisant accompagné du doyen du Tribunal civil de Port-au-Prince, Bernad Saint-Vil, du commissaire du gouvernement a.i de Port-au-Prince, Gabriel Ducarmel, du responsable de la Direction de l’administration pénitentiaire l’inspecteur général Charles Nazaire Noël, n’a fait que réitérer les promesses non tenus de ces prédécesseurs, concernant la réduction de la population carcérale ainsi que la détention préventive prolongée.
Crédit photo: Vant Bèf Info