Haïti-ONU : Le chef de l’escadron de la mort d’Haïti doit faire face à la justice, selon Michelle Bachelet
Genève 29 juil. 2020 [M9H] — L’ancien chef paramilitaire haïtien Emmanuel “Toto” Constant, qui a été expulsé des États-Unis le mois dernier, devait répondre devant la justice pour les horribles violations des droits humains commises au cours des années 1990, a affirmé la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ce mercredi 29 juillet 2020.
Cette déclaration de Michelle Bachelet survient moins de 3 semaines après que la justice haïtienne a annoncé le 10 juillet dernier, qu’elle n’arrivait pas à localiser le dossier judiciaire lié à la détention d’Emmanuel Toto Constant.
Ce qui a, selon la Haute commissaire des Nations Unies suscité, des inquiétudes quant au fondement juridique de sa détention, et de sa possible libération, ce qui aurait pour conséquence qu’il échappe à la justice.
« Dans un jugement historique pour la justice en Haïti rendu le 16 novembre 2000, Constant a été reconnu coupable par contumace et condamné à la réclusion à perpétuité pour son implication dans le massacre de Raboteau de 1994 au cours duquel des forces militaires et paramilitaires ont attaqué le quartier de Raboteau aux Gonaïves » rappelle Michelle Bachelet.
Elle souligne que le nombre total de victimes reste inconnu à ce jour, puisque de nombreux corps ont été jetés dans des égouts à ciel ouvert. Les victimes avaient entre 10 et 80 ans.
Déporté des États-Unis le 23 juin 2020 et arrêté à son arrivée à Port-au-Prince, Emmanuel Toto Constant commandant en chef du Front pour l’avancement et le progrès haïtien (FRAPH), avait fui aux États-Unis en 1994 après le retour au pouvoir du prêtre défroqué Jean Bertrand Aristide.
Il a travaillé comme escadron de la mort ciblant la population en appui aux Forces armées haïtiennes pour conserver leur emprise sur le pouvoir. Ils ont procédé à des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires, des viols et d’autres innombrables actes de torture et de violence.
«Des soldats et des paramilitaires auraient fréquemment violé des femmes devant les membres de leur famille, et les survivants ont rapporté que des fils avaient été forcés de violer leur propre mère » fait savoir Michelle Bachelet qui a soutenu à l’encre forte qu’on ne peut permettre aux auteurs d’actes aussi graves d’échapper à la justice.
« Il est fondamental que les victimes obtiennent justice, vérité et réparations, et que leur dignité soit restaurée », a déclaré la Haute Commissaire.
En outre, elle rappelle que l’impunité détruit le tissu social et entretient la méfiance au sein des communautés et à l’égard de l’État. Seule la lutte contre l’impunité permet d’écarter les sentiments de frustration, d’amertume et le désir éventuel de vengeance qui pourraient conduire à de nouvelles violences et atrocités.
Rappelons que moins d’une semaine avant, Avocats sans frontières Canada (ASFC), une organisation non gouvernementale de coopération internationale, a demandé aux autorités étatiques de prendre toutes les mesures pour que les procédures judiciaires prévues par la loi soient prises contre l’ex-membre du Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH), Emmanuel « Toto » Constant ainsi que les autres personnes condamnées dans l’affaire Raboteau.