Haïti-Droits humains : Un sit-in de l’Organisation Petrochallengers «Nou Pap Domi », violemment dispersé par la police
P-au-P., 30 juin 2020 [M9H] — Les agents de la Police nationale d’Haïti ont dispersé à coup de gaz lacrymogènes et de tirs nourris, un rassemblement du regroupement de Petrochallengers «Nou Pap Domi », le lundi 29 juin 2020, dans les périmètres du Ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP) pour dénoncer les actes de banditismes et d’actes de corruption qui gangrènent le pays au cours de ces dernières années.
« Nou vle viv ! Nou gen dwa » en français « Nous voulons vivre, nous avons le droit » c’est sur ce cri de ralliement que les quelques dizaines de manifestants provenant de divers secteurs de la vie nationale ont manifesté leurs ras-le-bol face au pouvoir en place non loin des périmètres du Ministre de la justice.
Pancartes en main, des banderoles dans lesquels on pouvait lire, OTS, CFF ak Zantray mande jistis pou Sysy ak Babas. Moins de quelques minutes plus tard les agents d’unités spécialisées de la Pnh, dont le Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) et la Brigade d’opération et d’intervention départementale (Boid), ont fait irruption dans la zone et dispersent les manifestants à coup de gaz lacrymogènes et de tirs nourris. Ce qui les a contraints de se regrouper au carrefour Tifou, à quelques mètres du Mjsp.
Malgré que les protestataires ont tenté en vain de reprendre le flambeau de la mobilisation, mais l’odeur des gaz lacrymogènes et la tension qui régnait dans les périmètres du MJSP ont forcé les manifestants à abandonner le sit-in.
Les protestataires voulaient dénoncer les assassinats crapuleux commis dans le pays ces dernières semaines et exiger au Ministre de la justice et de la sécurité publique (MJSP), Lucmane Delille d’assumer ses responsabilités face à la détérioration du climat d’insécurité dans le pays.
Dans ce contexte, l’une des initiatrices du rassemblement de protestation, Vélina Charlier, a pointé du doigt les autorités étatiques. Pour elle, c’est cette attaque visait à empêcher les citoyens de faire passer leurs revendications. Elle projette revoir leur stratégie afin de pouvoir de continuer la mobilisation en faveur du droit à la vie.
Le directeur exécutif du Réseau National de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Esperance a abondé dans le même sens, et estime que la dispersion de ce rassemblement est grave. Pour lui, les autorités ne respectent pas la vie des citoyens. Il dénonce une insécurité d’État, qui fait plus de victimes que le virus de Covid-19.
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux témoignent avec quel agressivité les autorités policières ont dispersé les manifestants et saisi une banderole entre les mains des organisateurs de ce rassemblement.
Crédit photo : Robenson Geffrard