Haïti- Justice : Le RNDDH demande à Yves Jean Bart de s’écarter de la FHF pour faciliter une enquête judiciaire en toute sérénité
P-au-P., 22 mai 2020 [M9H] — Au terme de son enquête diligentée pendant deux semaines du 6 au 20 mai 2020, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a recommandé au président de la Fédération Haïtienne de football (FHF), Yves Jean Bart de s’écarter de la présidence de cette institution, afin de faciliter une enquête judiciaire en toute sérénité concernant les allégations de violences sexuelles, d’avortements forcés et de marchandages sexuels à l’Académie Camp Nou porter à son insu.
Interrogeant plus d’une trentaine de personnes dans le cadre cette enquête, dont sept (7) ont requis l’anonymat. Certains d’entre eux ont abondé dans le même sens que le RNDDH, parmi eux, les journalistes qui estiment que le président Yves JEAN BART devrait se mettre à l’écart de la Fédération en vue de permettre à la justice de mener son enquête en toute objectivité. Car d’après eux, il s’agit de mineures placées sous la responsabilité de la FHF. Et, puisqu’il s’agit d’une personnalité ayant pu impunément violer des jeunes filles pendant plusieurs années, selon les informations relatées dans l’article The Guardian, la justice devrait étendre son enquête à toute l’équipe de la FHF.
En outre, trois des quatre journalistes interrogés par le RNDDH, ont affirmé n’avoir pas été surpris par le scandale en raison des nombreuses rumeurs – dont plusieurs ont donné lieu à des blagues salaces – qui circulaient déjà et dénonçaient le comportement des dirigeants de l’Académie Camp Nou. Ils estiment qu’Yves Jean Bart s’est à chaque fois arrangé pour avoir sous sa coupe, les victimes. Tel est le cas par exemple d’une jeune joueuse de football qui a été victime d’abus sexuels de la part du président Yves Jean Bart.
«Elle a, par la suite intégré le ranch où elle a travaillé un certain temps avant de laisser définitivement le pays. Selon eux, le président Yves Jean Bart est considéré, à la Croix-des-Bouquets, comme un chef à qui rien ne peut être refusé. Or, l’Institut du Bien-être Social et de la Recherche (IBESR) ne s’est jamais préoccupé de la situation des mineurs-es qui sont en formation au centre » relate le RNDDH.
Pour ces journalistes sportifs, plusieurs personnalités du pays évoluant dans la sphère du football, sont au courant de ces pratiques de marchandage sexuel contre avantages entre les dirigeants de clubs et les jeunes. Ces pratiques constituent en fait un secret de polichinelle. Cependant, elles ne sont jamais dénoncées car, nombreuses sont les personnes influentes, impliquées dans la perpétration de ces actes.
De plus, ils dénoncent le fait que généralement, les joueuses en formation au centre font parties de l’équipe de football AS Tigresses appartenant à Yves Jean Bart et actuellement dirigée par Margarette C. Graam. Ils sont convaincus que les joueuses ne sont pas en mesure de témoigner tant qu’elles sont sous le contrôle d’une FHF dirigée par leur bourreau et ses acolytes.
Yves Jean Bart estime que les dénonciations faites par le journal anglais The Guardian n’ont aucun fondement. Il n’y a jamais eu de telles actions au niveau du centre. Il admet cependant qu’en 2000, il s’était rendu en République dominicaine où il a rencontré une ancienne joueuse d’Anacaona Football Club avec laquelle il a eu une fille. Le 18 mai 2020, ses avocats ont déposés une plainte à Paris, en France, contre le journaliste Romain Molina.
Le journaliste Romain Molina a de son côté affirmé au RNDDH dévoiler sous peu, des informations relatives aux victimes, qui, selon lui sont nombreuses. Malgré les demandes pressantes de l’organisation, il n’a pas voulu partager avec elle des informations précises les concernant. Cependant, il a promis de demander aux organisations internationales qui assistent les victimes, d’entrer en contact avec le RNDDH si elles le désirent.
Par ailleurs, les quatre (4) responsables de clubs rencontrés dans le cadre de cette affaire estiment que le président Yves Jean Bart a fait preuve d’un manque de professionnaliste flagrant et de non-respect du protocole lorsque, dans le cadre d’une entrevue, il a passé son bras autour du cou de la mineure pendant plus de sept (7) minutes. Au moins un (1) des responsables de clubs féminins a affirmé au RNDDH que les pratiques d’avantages contre faveurs sexuelles perdurent depuis de longue date, dans les clubs féminins.
Fort de ce constat, le RNDDH demande à l’ Institut du Bien-Etre Social et de Recherches (IBESR) d’établir, avec le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, une stratégie continue d’évaluation de l’Académie Camp Nou en vue de superviser les conditions générales de vie et d’apprentissage des mineurs-es et jeunes adultes qui y sont gardés en formation ; de mettre à la disposition des mineurs-es et des jeunes adultes du centre, des psychologues et d’autres travailleurs-euses de sciences humaines appelés à les accompagner.
Il demande également à la Brigade de protection des mineurs-es (BPM) de mener son enquête en vue d’identifier les victimes ainsi que les complices ou toutes autres personnes impliquées dans ces cas de violences sexuelles ; de transférer les résultats de l’enquête aux autorités judiciaires pour que toute la lumière soit faite autour de ce dossier. Au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, le RNDDH leur demande d’intervenir en vue de réguler les relations entre les dirigeants de clubs et les joueurs-euses ; et d’établir une procédure de plainte anonyme.
Rappelons qu’au terme de son audition le jeudi 21 mai 2020, le Commissaire du gouvernement Me Maxime Augustin a transféré son dossier au cabinet d’instruction pour les suites judiciaires.