Haïti-Droits-Humains : La situation générale des droits humains en Haïti est encore très préoccupante, estime le RNDDH
P-au-P., 6 mai 2020 [M9H] — Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a passé en revue la situation générale du pays dans un rapport rendu public le mardi 5 mai 2020. Dans ce rapport, le RNDDH estime que la situation générale du pays est très préoccupante et recommande aux autorités étatiques de prendre des mesures d’urgences en vue de pallier à ces problèmes.
Ce rapport composé de sept (7) points principaux, passe en revue le contexte sociopolitique du pays juste avant l’apparition du Covid-19 en Haïti, analyse les décisions qui ont été prises par les autorités étatiques et leur applicabilité, en mettant en exergue la situation des hôpitaux, des transports en commun, des marchés, et les ordres de libération de détenus qui ont été exécutés au cours de la période allant du 20 mars au 30 avril 2020.
Sur le plan sanitaire, le RNDDH critique les autorités étatiques concernant le manque de matériels de protection tels que des gangs et des cache-nez qui ont été disponible en quantité insuffisante dans les douze (12) centres hospitaliers analysés par le RNDDH et ses structures régionalisées. D’après le RNDDH, seul le personnel médical de cinq (5) d’entre eux en dispose.
Le RNDDH révèle que bien avant l’apparition du Covid-19 en Haïti, les hôpitaux et les centres de santé étaient totalement démunis, conséquemment, inaptes à prendre soin des personnes atteintes du Covid-19.
Cependant, le RNDDH et ses structures régionalisées ont pu relever également qu’en certains endroits, le personnel ne dispose pas d’informations adéquates en vue de référer les personnes présentant les symptômes du Covid-19 aux centres de prise en charge. De plus, le protocole de prise en charge n’est pas clairement établi pour tous les hôpitaux et centres de santé.
Le désengorgement des prisons, un prétexte pour libérer quelques détenus
Les personnes incarcérées vivent dans des conditions « inhumaines » et « dégradantes », dans des espaces exigus, non aérés, sales et repoussants. La promiscuité dans laquelle vivent ces personnes les vulnérabilise davantage face au Covid-19.
Gardées dans les commissariats et dans les prisons du pays, elles dépendent, les premières de leurs familles, les deuxièmes, de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) et de leurs familles. Dans ce contexte, les autorités étatiques ont voulu désengorger les prisons pour éviter une vague contamination face au Covid-19.
De ce fait, du 23 mars au 15 avril 2020, la population carcérale haïtienne a bougé en raison de la libération de cinq cent-treize (513) détenus qui se trouvaient incarcérés dans douze (12) prisons et trois (3) commissariats du pays. Ils ne représentent que 4.61 % de la population carcérale du 23 mars 2020.
De plus, le RNDDH et ses structures régionalisées ont relevé que parmi ces personnes libérées se trouvent des détenus qui avaient fini de purger leur peine mais qui étaient gardés quand même en prison, parce que les dispositifs de jugement n’avaient pas été signifiés aux autorités pénitentiaires ;
«Des détenus incarcérés depuis plus de sept (7) ans pour des délits comme vol, vol de cabri, voies de faits, etc. et qui étaient encore en attente de jugement ; des détenus pour lesquels des ordonnances de non-lieu, de main levée du mandat d’écrou ont été émises alors qu’ils ont été maintenus en prison et des détenus ne répondant à aucun des critères fixés par les autorités judiciaires qui ont été libérés » signale le RNDDH.
Parmi les cinq cent treize (513) détenus libérés, seules treize (13) femmes, représentant 2.6 % d’entre eux sont des femmes.
La situation sécuritaire du pays, une préoccupation majeure
Le RNDDH et ses structures régionalisées ont recensé de janvier à avril 2020 soixante-cinq (65) personnes tuées par balles ou à l’arme blanche dont sept (7) policiers. Au moins trente-sept (37) d’entre eux ont été tués au cours des mois de mars et d’avril 2020. Et, de nombreuses personnes blessées par balles ont été aussi recensées, notamment lors des affrontements entre gangs armés.
Ces informations alarmantes prouvent, si besoin en était, que malgré l’entrée en Haïti du Covid-19, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée et la vie continue d’être banalisée par les autorités étatiques qui ne semblent pas animées de la volonté de contrôler la circulation des armes et des munitions sur le territoire national.
Après analyse de la situation, le RNDDH et ses structures régionalisées recommandent aux autorités étatiques de s’assurer que les ordres de libération des détenus respectent les critères fixés par les autorités judiciaires, de se pencher sur les dossiers de détenus dont les cas nécessitent une attention particulière, d’enquêter sur les cas de bastonnade, d’agression physique et verbale enregistrés et prendre les sanctions qui s’imposent, à l’encontre des policiers fautifs.