Haïti-Insécurité : Le groupe Kraze Baryè incendie un char blindé de la Mission Multinationale de Sécurité (MMS)
Port-au-Prince, 15 octobre 2024 (M9H) — Haïti continue de vivre sous la menace croissante des groupes armés illégaux, qui contrôlent une grande partie du territoire national. Les quartiers résidentiels autrefois considérés comme paisibles sont désormais sous la pression constante des gangs armés. Quant aux quartiers défavorisés, ils sont depuis longtemps sous le joug de ces civils armés, rendant la vie impossible aux habitants. L’État haïtien, incapable de freiner ces exactions, semble impuissant face à l’influence grandissante des bandes criminelles, laissant la population dans une situation de désespoir profond.
Le dernier événement en date, survenu le lundi 14 octobre 2024, témoigne encore une fois de la gravité de la situation. La bande criminelle dirigée par Vitelhomme, connue sous le nom de “Kraze Baryè”, qui contrôle plusieurs quartiers stratégiques tels que Route de Frères, Torcel, Pernier et une large partie de Tabarre, a de nouveau frappé. Lors d’une opération menée par la force kenyane, dans la zone de Torcel (commune de Tabarre), les membres de Kraze Baryè ont réussi à s’emparer d’un char blindé de la Mission Multinationale de Sécurité (MMS) et l’ont incendié sur place.
Cet acte de défiance constitue un revers majeur pour les forces internationales en Haïti. Depuis le déploiement des troupes kényanes dans le cadre de la mission internationale, la population nourrit l’espoir d’un retour progressif à la stabilité. Cependant, chaque opération ratée, marquée par la supériorité des gangs armés, renforce l’idée que la sécurité reste hors d’atteinte. Le pouvoir des criminels grandit, et la situation semble de plus en plus incontrôlable.
Les autorités haïtiennes, quant à elles, peinent à trouver une issue à cette crise. Alors que la population est contrainte de fuir sous la menace des gangs, les dirigeants semblent déconnectés des réalités quotidiennes. « Qui nous relèvera de cette chute ? », se demandent de plus en plus d’Haïtiens, fatigués par la violence quotidienne qui gangrène la capitale, Port-au-Prince.
La question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir si les événements tragiques de ces derniers jours relèvent d’une véritable guerre entre l’État et les gangs ou s’il s’agit d’une vaste mascarade où les criminels jouent à défier les forces de l’ordre sans rencontrer de véritable opposition.
Réaction attendue, silence assourdissant
Face à cette énième défaite des forces de l’ordre, la population est en droit de s’interroger sur la capacité réelle des autorités nationales et internationales à reprendre le contrôle du pays. Si les actions de la MMS et de la police haïtienne continuent de se solder par des échecs, Haïti risque de s’enfoncer davantage dans le chaos.
La question demeure : l’avenir d’Haïti est-il condamné à être soumis à l’emprise des gangs ou un sursaut collectif peut-il encore renverser la tendance ?
Eberne SALOMON