Haïti-Économie : Des maisons de transferts accusées de dépouiller les clients
Port-au-Prince, 8 octobre 2024 [M9H] — Plusieurs bénéficiaires de transferts d’argent se plaignent du comportement abusif de certains agents travaillant dans les maisons de transfert, qui leur imposent des frais supplémentaires en dehors des frais standards pour le retrait des fonds. Ces pratiques illégales semblent devenir monnaie courante dans diverses régions du pays, en particulier dans les zones sous contrôle des gangs armés.
Selon les témoignages recueillis par nos correspondants sur le terrain, cette extorsion des bénéficiaires ne se limite pas à une ou deux agences, mais s’étend à plusieurs communes où l’insécurité et l’influence des gangs sont omniprésentes. Malgré cette situation tendue, les activités économiques, notamment les transferts d’argent de la diaspora, continuent de fonctionner dans ces régions. Toutefois, les bénéficiaires sont souvent contraints de payer des frais illégaux imposés par certains agents corrompus.
« Vous n’avez pas d’autre choix que de payer ces frais supplémentaires si vous voulez récupérer l’argent envoyé par vos proches », s’indigne une bénéficiaire, soulignant le caractère mafieux de ces pratiques. Elle appelle à une intervention urgente des autorités, notamment la Banque de la République d’Haïti (BRH), pour mettre fin à ces abus.
Les transferts de fonds, qui représentent une part importante de l’économie haïtienne, sont vitaux pour de nombreuses familles, surtout dans un contexte de crise économique et sécuritaire exacerbée. En 2023, les envois de fonds depuis l’étranger représentaient près de 35 % du PIB du pays, et pour de nombreuses familles, c’est souvent la seule source de revenus stable. Ces fonds permettent de couvrir les besoins essentiels tels que la nourriture, l’éducation et les soins médicaux.
Une réponse attendue des autorités financières
Face à ces accusations, les appels se multiplient pour que les régulateurs financiers, en particulier la BRH, prennent des mesures fermes contre les maisons de transfert fautives. La BRH est en effet l’institution chargée de réguler les services financiers et devrait, en principe, s’assurer que les agents respectent les lois et normes en vigueur. La population attend de voir si la Banque centrale et les autorités compétentes vont prendre les mesures nécessaires pour encadrer et surveiller de plus près ces transactions afin de protéger les consommateurs.
L’insécurité, un facteur aggravant
Cette situation survient alors que le pays est confronté à une insécurité généralisée. Les bandes armées continuent d’imposer leur loi sur une grande partie du territoire, bloquant les routes et paralysant les activités économiques. Dans ce climat de violence, les maisons de transfert sont l’un des rares moyens permettant aux familles de recevoir une aide financière vitale, malgré les risques encourus pour se rendre dans ces agences.
Cependant, l’absence de contrôle effectif sur ces agences dans les zones sensibles permet à certains agents malhonnêtes de profiter de la vulnérabilité des bénéficiaires, exacerbant ainsi une situation déjà difficile. Le manque d’intervention des autorités pour restaurer la sécurité et garantir le respect des lois renforce ce sentiment de désespoir parmi les citoyens.
L’urgence de mesures correctives
Face à ces abus, les organisations de défense des droits des consommateurs appellent également à une intervention rapide pour protéger les droits des citoyens, notamment ceux des plus vulnérables. Ils demandent que des sanctions sévères soient appliquées contre les agents coupables de pratiques frauduleuses et que les victimes puissent récupérer les montants indûment perçus.
En l’absence d’une intervention rapide des autorités, il est à craindre que ces pratiques ne se généralisent davantage, contribuant ainsi à un climat de défiance envers les institutions financières, déjà perçues comme déconnectées des réalités vécues par la majorité des Haïtiens. (RU JEP 08/10/2024 23 :00).
Crédit photo: Le Nouvelliste