Haïti – Élections des Droits Humains : Défis et Enjeux d’une Représentation Cruciale
Port-au-Prince, 30 septembre 2024 (M9H) — Deux ans après les dernières élections au sein du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), la question de la représentation des droits humains en Haïti reste plus que jamais au centre des préoccupations. Ces élections, organisées à la demande de plusieurs organisations de défense des droits humains, visent à choisir le ou la représentante de ce secteur crucial au sein du CSPJ, un organe clé pour l’équilibre et la transparence judiciaire dans le pays.
L’élection du 8 novembre 2022, tenue au local de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Port-au-Prince (FDSE), avait rassemblé 42 organisations accréditées et 5 candidats en lice. Parmi ces candidats, Mme Guerline Residor, directrice de l’organisation KRIFA, est sortie en tête avec 21 voix, suivie de M. Armel Remy, directeur exécutif de CADDHO, avec 7 voix. Les autres candidats, M. Montus Joachim (EADH) et M. Louimann Macéus (ECCREDDH), ont obtenu respectivement 3 et 2 voix.
Les résultats, certifiés en présence de toutes les parties prenantes et d’un juge de paix de la section Est de Port-au-Prince, ont permis de transmettre à l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) une liste restreinte de trois candidats : Mme Guerline Residor, M. Armel Remy, et M. Montus Joachim, pour le choix définitif du représentant du secteur des droits humains.
Enjeux majeurs
Cette élection met en lumière plusieurs enjeux critiques pour la défense des droits humains en Haïti. D’une part, la sélection d’un représentant ou d’une représentante pour ce secteur au sein du CSPJ est cruciale pour renforcer la voix des organisations de défense des droits humains dans les débats nationaux, en particulier dans un contexte de détérioration des conditions sécuritaires et des droits civiques. Le secteur judiciaire, largement affecté par des dysfonctionnements et des pressions extérieures, a besoin d’une représentation forte et indépendante pour garantir l’accès à la justice pour tous les citoyens.
Défis rencontrés
L’organisation de ces élections n’a pas été sans difficulté. En premier lieu, la fragmentation du secteur des droits humains, avec de nombreuses organisations aux intérêts parfois divergents, a compliqué la formation d’un consensus autour des candidats. De plus, les pressions politiques et les menaces de certains groupes armés qui contrôlent des zones entières du pays ont limité la participation de certaines organisations, rendant difficile une pleine représentation des droits humains à travers le pays.
Autre défi notable, la faiblesse des infrastructures de communication et la méfiance croissante envers les institutions publiques ont jeté un doute sur l’intégrité du processus électoral. Bien que les résultats aient été validés par les observateurs et les autorités compétentes, certains acteurs du secteur estiment que davantage de transparence aurait pu renforcer la confiance dans ce processus démocratique.
Perspectives
Le rôle que jouera le futur représentant des droits humains au sein du CSPJ sera déterminant pour l’avenir du pays en matière de justice et de respect des libertés fondamentales. Dans un climat de violence, de répression et d’impunité, ce mandat pourrait représenter un véritable espoir pour la population haïtienne, à condition que la personne choisie dispose de l’indépendance et du courage nécessaires pour défendre les droits des plus vulnérables face aux abus de pouvoir.
Les attentes sont grandes, et les défis tout aussi importants. Pour le secteur des droits humains en Haïti, cette élection n’est pas seulement un exercice démocratique ; c’est une opportunité de redonner espoir à un pays qui, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une justice équitable et accessible à tous.
Eberne SALOMON