Haïti-Insécurité : Cri de détresse d’une population en souffrance
P-au-P., 15 août 2024 (M9H) — « Si rien n’est fait, le gouvernement haïtien sera tenu pour responsable de la catastrophe imminente à Carrefour », avertit un entrepreneur local. La majorité des grandes entreprises de cette commune ont déjà fermé ou sont sur le point de le faire en raison de l’insécurité qui règne dans la région, a-t-il déclaré.
« Chaque samedi, nous sommes contraints de payer une “taxe de fonctionnement” pour opérer », déplore un autre entrepreneur, faisant allusion aux divers barrages routiers érigés par des hommes armés pour extorquer les marchands et les chauffeurs. Ces derniers sont les principales victimes de ces criminels, a-t-il ajouté avec amertume.
« Que font les autorités pour mettre fin à cette dérive qui n’a que trop duré ? » s’interroge-t-il avec indignation. « Attendent-elles que la majorité de la population soit massacrée, meure de faim ou soit contrainte de fuir leurs foyers pour enfin reconnaître l’urgence de la situation ? »
Selon cet homme en colère, si les dirigeants comprenaient réellement l’urgence de la situation, ils cesseraient de se contenter de petites réunions sans effet et prendraient des mesures concrètes. Carrefour, autrefois un carrefour économique attirant touristes locaux et internationaux, se trouve aujourd’hui en proie à des gangs armés qui y imposent leur loi. La commune, qui relie quatre départements à la capitale, est devenue un territoire désolé, déserté par les visiteurs.
Depuis l’attaque menée par ces bandits dans la nuit du 10 au 11 mai, qui a forcé des milliers de familles à fuir, tué plusieurs personnes, pillé et incendié des dizaines de maisons, la présence policière est presque inexistante. Malgré quelques tentatives de reprise par les forces de l’ordre, les gangs continuent de dicter leur loi et de semer la terreur.
Cette situation dramatique, qui gangrène l’entrée Sud de Port-au-Prince, représente un défi majeur pour les autorités haïtiennes. Si aucune action décisive n’est prise, la capitale pourrait bientôt se retrouver complètement encerclée par ces groupes armés, mettant en péril non seulement la sécurité des habitants, mais aussi l’économie du pays tout entier. (RU JEP 22 :45 15/08/2024).