Haïti-Politique : Un mort et plusieurs blessés lors de la mobilisation contre la dictature du dimanche 14 février
P-au-P, 15 févr. 2021 [M9H] — Au terme de la grande mobilisation, en signe de protestation contre la dictature déclarée de Jovenel Moïse, du dimanche 14 février 2021, au moins une personne ainsi que plusieurs blessées ont été enregistrés, dans l’aire métropolitaine de la capitale de Port-au-Prince. Les agents de la Police nationale d’Haïti ont fait des usages abusifs de gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc blessant ainsi au moins trois journalistes.
Dans la soirée du dimanche 14 février 2021, la vidéo d’un jeune homme carbonisé avec sa motocyclette, provoquait l’émotion et la terreur du régime en place. Selon les témoins, ce drame serait produit par des bandits armés se réclamant proche du pouvoir au niveau de Delmas 95.
Cette manifestation, qui a démarré dans plusieurs points de rassemblement notamment sur la place de la Constitution, au Champ de Mars, ainsi qu’au Carrefour de l’aéroport, baptisée «Kafou Rezistans », allait occasionner le déferlement de plusieurs milliers de personnes dans les rues, à l’appel des organisations de droits humains, pour demander à Jovenel Moise de respecter la Constitution, qu’il ne cesse de piétiner, en prenant des arrêtés illégales, peu de temps après la fin de son mandat constitutionnel le 7 février 2021.
Scandant durant tout le parcours des slogans hostiles au pouvoir de facto, les manifestants promettent de regagner les rues à nouveau, jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause.
«Si nous ne renversons pas Jovenel Moïse, nous allons tous mourir » scandent à l’unisson les manifestantes et manifestants, en colère, dont certains arboraient des branches d’arches, défilant dans les rues pour témoigner de leur amertume face au pouvoir de facto de Jovenel Moïse et de sa bande du parti Haïtien tèt kale (PHTK).
Suivi par des Discs Jockeys, qui diffusaient en boucle des tubes en signe d’animation, une ambiance de bon enfant régnait au niveau de la foule. Certains respectaient des consignes sanitaires en portant un cache-nez, pour éviter d’attraper la pandémie du coronavirus, toujours présente en Haïti. https://twitter.com/richardsenecal/status/1360988753343500290?s=20
Dans certaines rues, des pneus usagés enflammés ont été placés sur les artères par des manifestants, ce qui avait réduit la circulation automobile dans plusieurs rues de l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince.
La situation allait tourner au vinaigre au niveau de Delmas 60, au moment où des agents du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (CIMO), voulaient empêcher aux manifestantes et manifestants de regagner Pétionville, à cet effet, ils ont fait des usages abusifs de gaz lacrymogènes, ce qui a occasionné des échauffourées entre la police et quelques manifestants, qui ripostaient en lançant des jets de pierre. Plusieurs protestataires ont été blessés, dont un journaliste de la Radio Capital FM, répondant au nom de Fegentz Canes Paul, alors qu’un autre a été touché au niveau de la main par une bombonne de gaz lacrymogène. Les manifestants voulaient se rendre à Pèlerin, mais ils ont été contraints par les forces de l’ordre de rebrousser chemin, de ce fait, ils ont pris la direction des locaux de l’Organisation des États Américains (OEA) à la Rue Clervaux, périphérie est (Pétionville).
Au passage, des militants en colère, en ont profité pour incendier un véhicule privé et cassé les pare-brises de plusieurs autres. Ils se sont ensuite dirigés vers le bureau du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) à Juvénat où ils ont déposé un message écrit.
Cette manifestation, visiblement réussie, avait entrainé des personnes de tous les secteurs de la vie nationale, notamment des dirigeants politiques, comprenant d’anciens sénateurs et députés, à l’instar de Youri Latortue, Antonio Cheramy, Steeven Benoît, Nenel Cassy, Ricard Pierre et Jean-Charles Moïse; du Secteur Démocratique et populaire, dont Me. André Michel; des socioprofessionnels, dont la journaliste vedette de la Radio Télé Kiskeya, Liliane Pierre Paul, et Jean Monard Metellus de la Caraïbe FM, des représentants d’organisations de défense des droits humains, dont Pierre Espérance, Me Gédéon Jean entre autres. Toutes ces personnalités ont foulé le macadam des rues de Port-au-Prince, afin de faire obstacle à cette dictature déclarée, qui prenne du jalon dans le pays.
Parallèlement, Jovenel Moïse ainsi que son équipe gouvernementale de facto se trouve à Port-de-Paix pour participer aux festivités carnavalesques du 14 au 16 février 2021.