17 octobre : la manifestation de l’opposition politique, violemment dispersée par des agents de la PNH, plusieurs blessés par balles enregistrés
P-au-P, 18 oct. 2020 [M9H] — Une dizaine de milliers de personnes ont foulé le macadam, le samedi 17 octobre 2020, date coïncidant à la commémoration du ( 214e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines), à l’appel de plusieurs leaders de l’opposition politique, regroupés au sein de la nouvelle structure baptisée « Direction de l’opposition », dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ainsi que dans les villes de provinces, en vue d’exiger le départ sans condition du chef de l’Etat Jovenel Moïse du pouvoir.
Cette manifestation a été violemment dispersée par les forces de l’ordre, à coups de gaz lacrymogènes et par des tirs nourris, au niveau de Delmas 48 et 67, une situation qui a créé la panique dans les rangs des manifestants. Selon quelques témoins au moins un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés par balles, lors de la mobilisation de l’opposition, qui lance cette dernière offensive pour renverser Jovenel Moïse du pouvoir avant le 7 février 2021, date butoir de son quinquennat.
Malgré les menaces proférés quelques jours avant la mobilisation par les membres du gang G9 an fanmi et alliés, il semblerait qu’aucune disposition sécuritaire n’ait été prise par des forces de l’ordre pour contrer l’attaque des groupes armés sur les manifestants en quête de mieux être dans le pays.
Au contraire, jouissant d’une impunité sans faille, des gens en civil, lourdement armés, parfois même encagoulés, ont été remarqués par les protestataires, lors de la démonstration de l’opposition dans les rues.
Au final, plusieurs manifestants sont sortis blessés au cours des interventions violentes des agents de la Police nationale d’Haïti, qui n’ont pas lésiné en dispersant les manifestantes et manifestants à coup de gaz lacrymogènes, qui voulaient par tous les moyens regagner les rues de Pétionville avant de descendre au Champ de Mars pour exiger le départ de Jovenel Moïse.
En dépit des actes de violences, les manifestants ont quand bien même pu pour se rendre sur la place de Dessalines, au Champ de Mars où certains leaders de l’opposition politique ont fait le dépôt d’une gerbe de fleurs pour saluer la mémoire du père fondateur de la Nation Jean Jacques Dessalines.
Dans des divers endroits de la capitale des barricades de pneus usagés enflammés et de pierres ont été remarqués, notamment dans les périmètres du Palais National, au Champ de Mars et à Delmas.
Plusieurs leaders de l’opposition politique ont été remarqués aux cotés des manifestants, lors de la mobilisation du 17 octobre, il s’agit du porte-parole du Secteur dit démocratique et populaire, Me. Michel André, les sénateurs Nènel Cassy, Ricard Pierre, Antonio Chéramy et le coordonnateur général de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Edgar Leblanc Fils.
Me Michel André réitère que le mandat constitutionnel du président Jovenel Moise prendra fin le 7 février 2021, une date qu’il ne souhaite pas attendre, pour renverser le chef de l’Etat. Selon lui, le pays est en route vers la transition politique, vers le procès PetroCaribe, vers la conférence nationale ainsi que vers une nouvelle Constitution.
Pour sa part, Paul Denis, du Parti Inifos, souligne sans ambages que le peuple est lassé de Jovenel Moïse au pouvoir. C’est pourquoi, le peuple va continuer à exiger son départ jusqu’à ce qu’il obtiennet satisfaction.
Tout au long des parcours les manifestants ont lancé des propos hostiles à l’endroit du chef de l’Etat, qui serait de mèche avec les groupes gangs G9, qui sont accusés d’avoir recouru une nouvelle fois à des actes de violence pour tenter de freiner la manifestation.
Soulignons que d’autres manifestations anti-gouvernementales ont été simultanément réalisés dans quelques villes de province, notamment au Cap-Haïtien (Nord), ou le secrétaire général de la Plateforme Pitit Desalin, Jean-Charles Moïse, a été remarqué au côté des manifestants, d’autres ont eu lieu aux Gonaïves et à Saint-Marc (Artibonite) et à Jacmel (Sud-Est).
Ces manifestations contre le pouvoir en place visaient également à dénoncer les divers massacres perpétrés par des groupes gangs armés sur le régime en place, notamment à Bel-Air, Delmas 2, Cite-Soleil etc, ainsi que les assassinats crapuleux du bâtonnier de l’Ordre des Avocates et Avocats de Port-au-Prince, Monferrier Dorval, le vendredi 28 août 2020, à Pèlerin 5, dans la même zone où réside le président Jovenel Moïse, et de l’étudiant Grégory Saint-Hilaire, le vendredi 2 octobre 2020, d’une balle au dos, tirée lâchement par un agent de l’Unité de sécurité générale du Palais national (Usgpn), à l’École normale supérieure (Ens) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh).
Au final l’opposition rejette en bloc l’appel à l’unité prônée par le chef de l’Etat, qui a été pour une énième fois dans l’incapacité de se rendre non seulement au Pont-Rouge (Nord de la Capitale), mais aussi à Marchand Dessalines, lieu hautement symbolique dans le cadre de la commémoration de l’assassinat du père fondateur de la Nation Jean Jacques Dessalines.
Crédit photo: Jean Daniel Senat