Haïti-Election : Plusieurs partis politiques rejettent le nouveau Conseil électoral provisoire (CEP) de Jovenel Moïse
P-au-P., 21 sept. 2020 [M9H] — Moins de vingt-quatre heures après la formation d’un nouveau Conseil électoral provisoire (CEP), de 9 membres dans un arrêté présidentiel en date du 14 septembre 2020, plusieurs partis politiques issus de l’opposition démocratique n’ont pas tardé à critiquer la démarche jugée anticonstitutionnelle du président Jovenel Moïse. Ce qui risque de plonger le pays dans une autre crise beaucoup plus profonde malgré les pressions exercées par l’administration américaine pour la réalisation des scrutins en janvier 2021.
Parmi les Partis politiques qui ont critiqué la démarche du chef de l’Etat figure le parti de l’Organisation du peuple en lutte (OPL), qui estime que le pouvoir en place a détruit toutes les possibilités d’organiser les élections dans le pays.
La sécurité c’est l’un des éléments qui aurait pu permettre l’organisation des élections dans le pays, mais le pouvoir en place a distribué des armes au gang dans le pays, de sorte à pouvoir contrôler tout le territoire national, fait savoir le porte-parole de cette structure politique Danio Siriack dans une interview accordée à AlterRadio.
Pour lui, la formation d’un système électoral fonctionnel serait la condition sine qua non pour l’organisation d’une élection dans le pays, cependant le Régime du Parti Haïtien tèt kale (PHTK) a écrasé le système dans l’objectif de pérenniser sa structure au pouvoir.
Danio Siriack persiste et signe qu’en moins de six mois, soit à la fin de son mandat en février 2021, le chef de l’Etat n’aura pas la possibilité d’organiser les élections dans le pays. Vu qu’il n’a pas pu organiser les élections pour le renouvellement des deux tiers du Senat et la Chambre des députés en octobre dernier, de même pour le renouvellement des municipales et locales plongeant le pays dans l’inconstitutionnalité la plus totale, à savoir le dysfonctionnement du Parlement, la nomination des agents intérimaires, ce qui lui donne champ libre pour diriger le pays par décret.
De son côté, le Parti Rasin Kan pep la, estime que le Cep de Jovenel Moïse est contraire au prescrit de la Constitution. Il trahit la coutume, la tradition qui exista dans le pays depuis plusieurs décennies. Le porte-parole de cette structure politique, Camille Chalmers soutient à l’encre forte dans cette même station de radio que les conditions ne sont pas réunies pour réaliser les élections dans le contexte actuel dans le pays. La décision du chef de l’état de nommer un Conseil électoral provisoire avec d’autres secteurs ne fait qu’enfoncer le pays dans une crise encore plus profonde.
Dans ce contexte, le Parti Rasin Kan Pep la annonce sa décision d’éjecter du parti la militante de droits humains Guylande Mesadieu, ainsi que son mari le défenseur des droits humains, le co-directeur de Défenseur Plus, Antonal Mortimé, pour son acte qualifié de trahison, après avoir accepté de faire partie du nouveau CEP, ce qui serait une décision qui est en adéquation avec l’intérêt national du parti.
«Il est prévu dans le règlement intérieur du parti Rasin Kan pep la de rejeter tout membre qui a fait une action qui a trahi le mouvement démocratique » lit-on dans un communiqué du parti.
Pour sa part, le Parti Fusion des socio-démocrates ne prend pas au sérieux ce nouveau CEP du président Jovenel Moïse. Ce qui démontre que le chef de l’Etat n’a aucune crédibilité dans le pays. Dans ce contexte, la Fusion ne voit pas d’un bon œil de quelle manière le chef de l’Etat pourrait organiser des élections dans cette atmosphère polluée par l’insécurité persistante.
D’autant plus que la plus part des personnalités qui font partie de ce nouveau CEP mis en place par Jovenel Moïse, ne sont qu’à leur premier coup d’essai dans la vie publique. Certains d’entre eux sont totalement méconnus de la scène politique. Certains secteurs clés de la vie nationale ont brillé par leurs absences dans ce nouveau CEP, il s’agit bien de l’Église catholique, le secteur privé et la presse.
Ces derniers avaient décliné l’invitation de l’Exécutif de proposer des représentants au sein de l’institution électorale, par contre d’autres secteurs ont fait choix quand même malgré la réticence de certains défenseurs des droits humains quant à l’organisation des scrutins truqués dans le pays.
En outre, ce nouveau Cep est composé de Louis Arlext Noël, représentant du secteur des handicapés; Nadia Jules Amédée, représentante des secteurs paysan/coopérative; Guylande Mésadieu, représentante du secteur des droits humains; Antonio Détil, représentant du secteur de la jeunesse; Patrick Numa, représentant du secteur syndical; Esperancia César, représentante de la diaspora; Josette Macillon, représentante des organisations de femmes; Guy Roméus, représentant des cultes réformés et Marie Rosemère Joseph Pierre, représentante du culte vaudou.
Ils ont pour mission d’organiser un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution, alors que la loi-mère en vigueur interdit formellement l’organisation de référendum. Il doit également organiser les prochaines élections locales, municipales, législatives et présidentielles. Le Chef de l’Etat a publié l’arrêté présidentiel nommant ce nouveau CEP moins de 48 heures après les funérailles du regretté l’éminent professeur du droit constitutionnel, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval.