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Haïti-ONU : Plusieurs organisations de la Société civile écrivent au Secrétaire générale de l’ONU pour dénoncer le comportement de sa représentante en Haïti

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P-au-P., 08 juil. 2020 [M9H] — Plusieurs Groupements, Syndicats, Personnalités et des Organisations de la Société civile ont adressé une correspondance au Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unis (ONU), Antonio Guterres, en date du 2 juillet, en vue de dénoncer avec la plus grande fermeté le comportement délétère de la Représentante en Haïti, Madame Helen Lalime.

Les signataires ont critiqué l’attitude partisane de la Représentante de l’ONU en Haïti, Madame Helen Lalime, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dans un contexte ou le pays s’enlise dans une situation de non droit où les autorités étatiques, les bandits et la criminalité se confondent.

« Les libertés publiques sont systématiquement bâillonnées. Tous les signaux sont au rouge, absence de volonté politique au niveau de l’Etat, pas de paix, pas de stabilité, pas de progrès social et de développement économique. Le système dans tous ses compartiments ne répond pas » ont énuméré les organisations signataires de cette correspondance.

Voulant sortir de ce bourbier, les signataires estiment que le peuple haïtien se livre dans un combat qui s’inscrit dans la logique d’un renouveau, afin de régler définitivement les handicaps de tout ordre, qui entravent la route vers le changement.

« Il est donc indiscutable qu’une nouvelle République s’impose. La population s’engage donc, plus que jamais, dans une démarche qui doit amener les forces vives de la Nation à s’asseoir ensemble dans une Conférence Nationale Haïtienne, pour pouvoir poser les vrais problèmes et de ces discussions devront sortir un nouveau projet de société porteur d’espoir »  ont-ils  renchéri. Cependant, loin d’encourager le pays dans cette voie, Mme Lalime se pose en véritable obstacle à tout effort de changement, tranchent les signataires.

Ils rappellent que depuis l’accession du Président Jovenel Moïse au pouvoir, le pays a connu au moins cinq (5) soulèvements populaires contre le Chef de l’Etat. Ces soulèvements sont dus à sa gouvernance catastrophique érigée sur la corruption et caractérisée par la violation systématique des droits humains.

Au cours de ces mobilisations populaires contre le pouvoir, la population haïtienne dans son ensemble, toutes couches sociales confondues, a réclamé la démission sans condition du Président Jovenel Moïse.

Les raisons de cette prise de position sont multiples, notamment l’implication du Président dans des actes de corruption, tels la dilapidation des fonds PetroCaribe selon les rapports de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC-CA), le détournement des fonds publics à travers ses Entreprises fictives (AGRITRANS, COPHENER, BRETEX et SOFIDAI), l’implication de l’épouse du Président, Martine Moise, dans une vaste entreprise de corruption relative à un contrat léonin, entaché d’illégalité, avec la firme allemande DERMALOG.

Ils ont mis en évidence également la gangstérisation du pays par les autorités de l’état, la participation du Président dans les massacres de La Saline (la nuit du 13 au 14 novembre 2018), de Carrefour-Feuilles (24 avril 2019) et de Bel Air (du 4 au 8 novembre 2019). Ces massacres auxquels sont impliqués, selon les Nations Unies et la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), des hauts responsables de l’Etat et proches de Jovenel Moïse, sont aussi reconnus par les Nations Unies comme des crimes d’Etat. Ils ont coûté la vie à des centaines de civils dont des femmes et des enfants. Réf : Rapport de la MINUJUSTE et celui du HCDH sur les violences à La Saline les 13 et 14 novembre 2019.

Ces signataires accusent le chef de l’Etat comme étant celui qui a organisé la prolifération et la fédération des gangs armés pour terroriser la population et éliminer ses adversaires politiques. C’est la gangstérisation du pays par l’Etat. Il suffit pour vous en convaincre, de bien vouloir vous référer aux témoignages de Pierre Esperance (RNDDH) à la Chambre des Représentants du Congrès américain en date du 10 décembre 2019, au rapport du RNDDH sur le massacre de la Saline daté du 1er décembre 2018, à des rapports produits par d’autres Organisations de droits humains tel le CARDH, dont les références sont indiquées à l’annexe ; enfin, à la lettre de dénonciation du massacre d’Etat de la Saline, signée de 104 Congressmen et Congresswomen américains, le 20 mars 2019.

« Le Président Jovenel Moise a en outre institué un climat de violence à travers toute la République. En effet, au cours des différentes manifestations de rue pour réclamer sa démission, le Président Jovenel Moise a ordonné une répression sauvage sur de paisibles citoyens qui ne faisaient que défendre pacifiquement leurs droits inaliénables »

Il est y dénombré des centaines de manifestants  assassinés, des milliers de blessés et estropiés par balles et des personnes arrêtées illégalement écrouées en prison jusqu’à date sans comparaitre par devant leur juge naturel. Elles n’ont même pas droit aux visites de leurs proches.

Ils rappellent que le président Jovenel Moise, avait déclaré Persona non grata Madame Suzane D. PAGE, prédécesseur de Madame LALIME, pour sa position officielle de la lutte contre la corruption, véritable cheval de bataille des Nations Unies. En témoigne la Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée le 31 octobre 2003.

Ils soulignent également que le 3 avril 2019 le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme, Madame Michelle Bachelet, tirait la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation des droits de l’homme en Haïti, notamment les groupes (gangs) armés alimentés par l’Etat ;

En outre, dans un rapport adressé au Conseil de Sécurité le 9 mai, rendu public le 17 juillet 2019, le Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur António GUTERRES, « s’est dit alarmé » par les découvertes des enquêteurs sur le massacre survenu dans le quartier de La Saline et par le déficit d’action en justice contre les accusés dans le cadre de cette tuerie. Il concluait pour crier que « justice doit être faite ».

Les signataires de cette correspondance, soulignent pour le Secrétaire général, que c’est dans ce bourbier de la chose publique haïtienne que la Représentante, Madame Helen LALIME, depuis son arrivée au pays, s’est enfoncée tête baissée, sans recul aucun, de manière intéressée, faisant fi de tous les principes, normes et règles, notamment la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et la Charte des Nations Unies.

Pour comble de tout, à la grande surprise des haïtiens et haïtiennes, ce 16 juin dernier, quarante-huit heures suivies de la déclaration de la BINUH publiée dans Le Nouvelliste sur insertion demandée relative à des élucubrations abracadabrantes pour une nouvelle Constitution en Haïti ; sur les ondes de la radio Magik FM (100.9), Jovenel Moïse, à travers son porte-parole, a fait une sortie fracassante pour annoncer son intention de former une Assemblée Constituante.

« Le voile est définitivement levé. Le Président Jovernel Moise agit sous la dictée de Madame Helen LALIME qui s’octroie le droit de décider de la nécessité d’un changement de Constitution en Haïti » craignent les signataires.

Par cette incursion brutale dans les affaires internes d’Haïti, Madame Helen LALIME commet une violation flagrante du principe du droit à l’autodétermination des peuples, lequel principe est universellement consacré dans le paragraphe 2 de l’article premier et le paragraphe 7 de l’article 2 de la Charte des Nations Unies.

Elle se comporte comme un colon dans une Haïti première République noire du monde libre.

«Madame Helen Lalime s’est révélé une raciste. Elle a fait preuve de sa haine viscérale contre les noirs. Son silence absolu sur les innombrables violations de droits humains et sur les massacres réalisés par Jovenel Moise sur des pauvres hères, des laissés pour contre et des déshérités du sort en dit long. Au lieu de travailler à promouvoir la paix dans le pays, elle contribue plutôt à raviver les tensions entre le sanguinaire Jovenel Moise et la population ».

Elle milite à déchirer davantage le tissu social haïtien. Elle est entrain de conduire le pays dans un précipice susceptible de générer un nouveau Rwanda en Haïti, sous l’œil complice de la Communauté internationale. De tels agissements sont indignes d’une représentante du Secrétaire Général des Nations Unies.

Les comportements de Madame LALIME sont à l’antipode des buts pour lesquels les Nations Unies ont été créées. Ils déshonorent l’image des Nations Unies dans le monde et en Haïti. Ils sont inscrits dans une démarche raciste de deshumanisation du peuple haïtien.

Par ses comportements jugés « infamants » et « ignominieux », la Représentante en Haïti, cheffe du BINUH, Madame Helen Lalime est entrain de flétrir l’honneur et la réputation des Nations Unies qui se donnent pour objectifs d’œuvrer pour la paix, le progrès social et le développement économique des peuples.

N’est-il pas opportun, que les Nations Unies fassent une auto évaluation effective des différentes missions déployées en Haïti depuis tantôt 20 années, afin de se faire une idée des résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés ?

Crédit photo: ONU

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