Haïti-Justice : L’OPC préoccupé face à l’ultimatum lancé aux habitants de Village de Dieu
P-au-P., 25 avril 2020 [M9H] — Le Protecteur du Citoyen, Renan Hédouville a manifesté ses plus vives préoccupations suite aux déclarations incendiaires du Ministre de la justice et de la sécurité publique (MJSP), Me Lucmane Delille, demandant aux habitants de Village de Dieu de prendre la poudre d’escampette dans 72 heures de temps, à partir du vendredi 24 avril, afin de se parer face aux éventuelles opérations policières pour déloger les bandits armés du bicentenaire, situé à l’entrée Sud de Port-au-Prince.
Depuis plusieurs mois, l’entrée Sud de la capitale Port-au-Prince est livrée aux proies des bandits armés, qui sèment la terreur au détriment de paisibles citoyens qui empruntent la zone pour aller vaquer à leurs activités. Une zone qui semblerait échapper aux contrôles policiers au point que des bandits pavanent lourdement armés en plein jour en toute quiétude d’esprit.
Dans ce contexte, l’Institution nationale de promotion et de défense des droits humains (OPC), dit noter qu’aucune solution de « rechange » ou « d’alternative » n’est annoncée de façon officielle, a des milliers de famille, composée en grandes parties de femmes, d’enfants et de personnes âgés), vivant dans ce vaste bidonville dans des conditions inhumaines et qui se sont détériorés en cette période de confinement face à la pandémie du coronavirus.
L’OPC se demande par quelle manière des familles vivant à Village de Dieu, zone totalement contrôlé par des bandits sans foi ni loi, pourront dans 72 heures de temps laisser cette zone en toute sécurité sans se faire passer aux yeux de ces hommes opérant aveuglement, comme des instigateurs ou agents de renseignement de la police.
Ce qui, selon l’OPC pourrait exposer ces habitants à la furie de ces hommes armés. Tout en rappelant qu’avant la période de confinement, des jeunes habitants village de Dieu ne pouvaient pas aller à l’école ou à l’université et retourner chez eux en toute tranquillité car ils étaient considérés comme des espions aux yeux des bandits.
L’OPC rappelle que les autorités ont pour l’impérieuse obligation de respecter et de protéger les droits fondamentaux de la personne humaine en toutes circonstances, tout en appuyant toutes opérations visant à démanteler les gangs armés fonctionnant dans le pays notamment dans l’aire du bicentenaire.
Fort de ce constat, l’OPC dit encourager les autorités concernés à faire de la sécurité de la population, une question d’Etat avec sérénité, sens de responsabilité mais aussi et surtout dans un cadre d’un plan opération stratégique.
Ainsi donc, recommande-t-il aux autorités étatiques de faciliter l’amélioration des conditions de vie des centaines de milliers de gens sans abri dépourvu de tout moyen de substance en cette période de confinement face à la propagation du coronavirus.
Crédit photo : Office de la protection du citoyen (OPC)