Haiti : Quand la domesticité se prétend une aide à l’enfance…
Dans les communautés haïtiennes, le travail des enfants est une affaire de mentalité. Pour s’aider et aider leur famille, beaucoup commencent très jeunes et sont mendiants, essuyeurs de voiture, cireurs de bottes etc.… Mais la forme la plus ancienne et la plus courante de travail des enfants en Haiti reste la domesticité. Ces enfants travaillent dans des foyers, qui en échange, leur procurent éducation et nourriture. Et pour beaucoup, l’enfer débute…
Des droits pas respectés
« Je m’appelle Ti Sia. Enfin, je crois… C’est ainsi qu’elle m’appelle, en tout cas ! Peut-être que ma mère m’a prénommé Patricia ou Francia. J’aurais aimé m’appeler Patricia ! C’est joli et ça n’a pas ce préfixe « Ti » (petit), qui me rend si petite, si insignifiante… »
L’enfant en domesticité est couramment appelé restavèk (reste-avec). Il fait la plupart du travail domestique dans la maison où il est placé, sans rémunération ni respect de ses droits fondamentaux. Ti Sia est une enfant en domesticité depuis 6 ans. Aujourd’hui, elle a 12 ans mais parait la moitié, car elle est sous-alimentée. Unicef, l’organisme mondiale de la protection des enfants, liste 10 droits fondamentaux dont le respect favorise l’épanouissement des enfants. Mais les droits de Ti Sia, comme ceux de la plupart des enfants en domesticité, sont bafoués. Elle n’a pas de nom, car une marchande l’a « donnée » à sa tutrice et son prénom est un surnom. Du fait de son rang social de sous-domestique élevé par charité, Ti Sia est discriminée, n’a pas de loisirs, n’a pas accès à une bonne éducation, ne prend pas part aux réunions de son foyer d’accueil, dort dans la cuisine, est maltraitée et n’a plus de relation avec sa famille. Le foyer Maurice Sixto estime à 300,000 le nombre d’enfants en domesticité dont 75% de filles.
Une aide qui n’en est pas une
« Ma mère m’avait promis une vie meilleure, si je vivais à Port-au-Prince. Je pourrais revenir l’aider, qu’elle a dit. Mais je ne vais même pas à l’école comme Patricia, la fille de ma tante… Je peux être une Ti Sia, mais… Lire la suite