Haïti-Justice : Trois associations de magistrats et de juges de paix décrètent un arrêt de travail dans les 18 juridictions du pays
P-au-P., 10 juin 2020 [M9H] — Trois associations de magistrats et de juges de paix dans le pays, notamment l’ Association Professionnelle des Magistrats (APM), le Réseau National des Magistrats Haïtiens (RENAMAH) et l’ Association des Juges de Paix Haïtiens (AJUPHA), décrètent dès ce mercredi 10 juin 2020, dans une note conjointe, un arrêt de travail général au sein de la magistrature jusqu’à nouvel ordre.
Les associations de magistrats et de juges paix disent prendre cette décision après avoir constaté l’insouciance et le mépris de l’Exécutif à l’égard des défis majeurs du Pouvoir judiciaire en dépit des cris d’alarme des associations de magistrats et de la grève observée par les Juges de Paix depuis le 1er juin dernier.
En conséquence, elles invitent les magistrats de tous grades et qualités à travers toutes les juridictions du pays au respect scrupuleux de ce mot d’ordre jusqu’à la satisfaction des revendications à savoir de meilleures conditions de travail, dont des matériels de travail nécessaires et appropriés à cette période pandémique. Le renouvellement, sans délai, des mandats des Juges des Tribunaux de Première Instance et de ceux des Cours d’Appel.
Le transfert de compétence du personnel judiciaire (greffiers, huissiers audienciers) au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) conformément aux engagements pris à cet effet par le Pouvoir exécutif à travers le Protocole d’Accord conclu avec le Conseil en date du 20 octobre 2017. Le transfert du budget d’investissement du Pouvoir Judiciaire au CSPJ et de meilleurs traitements face à la montée galopante de l’inflation.
Par ailleurs, l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH) abonde dans le même sens, en adressant une correspondance en date du mercredi 10 juin 2020 au Président de la Cour de Cassation, aux Présidents des cours d’Appel, aux Doyens des Tribunaux de Première Instance, Juges Près lesdits Cours et Tribunaux et Juges de Paix Titulaires, dans la perspective de leur appeler à se solidariser avec les juges de paix, qui observe depuis le 1er juin un arrêt de travail général à partir la parution de ladite correspondance.
L’ANAMAH dénonce également la ventilation du budget publié qui néglige toujours les priorités du Pouvoir Judiciaire. « Le budget adopté récemment par l’Exécutif est un exemple en plus qui témoigne un complot contre le Pouvoir Judiciaire représenté par le CSPJ aux termes des dispositions de l’article 184-2 de la constitution », critique l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens.
L’ANAMAH dénonce avec véhémence le nouveau budget adopté récemment en conseil des ministres qui a alloué une enveloppe de 6 milliards de gourdes au pouvoir législatif, quoique caduc, alors que le CSPJ peine à trouver des moyens financiers pour répondre aux besoins de base de ce Pouvoir. Plusieurs images circulant sur les réseaux sociaux témoignent dans quel niveau de précarité fonctionnent les cours et tribunaux à l’échelle national.
Toutefois, l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens invite la magistrature à s’afficher en un seul homme pour manifester leur désinvolture par rapport à ce budget qu’il qualifie d’instrument de la tyrannie.